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PSA/Toyota : réflexions autour des micro-citadines

La piste d'un arrêt des coopérations autour des micro-citadines, segment de moins en moins porteur, est évoquée.

La piste d'un arrêt des coopérations autour des micro-citadines, segment de moins en moins porteur, est évoquée. - MIGUEL MEDINA / AFP

Même si le partenariat industriel avec Toyota se poursuit, des réflexions semblent en cours chez PSA autour de l'avenir des micro-citadines 108/C1/Aygo.

Pas de commentaires chez Peugeot-Citroën, qui préfère se féliciter de son partenariat « plein et entier » qu'il a noué en 2002 avec Toyota. Mais il semble pour autant qu'une réflexion soit en cours pour en redéfinir les contours. L'hypothèse d'un arrêt de la fabrication en commun de micro-citadines est sur la table.

Jusque-là, Toyota et Peugeot s'étaient mis d'accord pour produire en commun, dans son usine de Kolin (République Tchèque), des petites voitures toutes fabriquées sur la même plate-forme, Peugeot 107 puis 108, Citroën C1 et Toyota Aygo. Un partenariat fructueux pour un segment en plein essor au début des années 2000.

Segment bien moins porteur

Mais 16 ans après, le tableau n'est plus le même. 1 million de voitures en Europe par an (8% de parts de marché), et des ventes qui évoluent peu en termes de tendance, le tout sur un segment qui commence à être très encombré, notamment avec la montée en puissance spectaculaire des coréens Kia et Hyundai.

La plupart du temps, ces modèles sont conçus via des alliances industrielles, PSA avec Toyota, Renault avec Daimler (Twingo/Smart) ou encore Volkswagen qui développe le sien sous 3 marques différentes (VW Up!, Skoda Citigo et Seat Mii). Mais les coûts de développement, même partagés, sont relativement élevés pour des véhicules qui ne génèrent que très peu de marge, même fabriqués dans des pays à bas coût de main-d'oeuvre. 

Frais de développement élevés

« Si on prend en compte les normes antipollution, toujours plus exigeantes, les normes de crash-test, etc... les coûts sont aussi élevés que pour développer des voitures de gamme supérieure » remarque Gaëtan Toulemonde, analyste automobile à la Deutche Bank. « Et le coût de revient pour le constructeur se joue à peu de chose. Résultat, le consommateur préfère par exemple une Clio à une Twingo » ajoute-t-il.

La politique commerciale des constructeurs accentue ce mouvement, grâce à des tarifs hautement négociables (primes à la conversion et rabais aidant), et à une marge qui sera finalement plus élevée pour un modèle de la gamme supérieure.

Un avenir 100% électrique?

« Pour rentabiliser une micro-citadine, il faut à peu près en fabriquer 150.000 par an. L'usine de PSA/Toyota de Kolin a une capacité annuelle de production de 300.000 voitures. Elle tourne à peine à la moitié de son régime maximal. Faites les comptes : personne ne gagne d'argent sur ces voitures », conclut Gaëtan Toulemonde, estimant que la situation est sans doute similaire chez les autres constructeurs, qui ont investi le secteur avec les mêmes recettes.

De quoi alimenter une vraie réflexion de fond sur l'avenir de ce segment. Linda Jackson, patronne de Citroën, a même évoqué lors du dernier Mondial de l'Auto la possibilité d'une prochaine génération de C1 100% électrique et non plus thermique. Hypothèse qui implique un nouvel outil industriel, de nouveaux critères de développement et de marge, de nature à alimenter ces réflexions autour du partenariat PSA/Toyota.

Accélération sur l'utilitaire?

La piste la plus probable serait donc pour PSA de revoir son partenariat avec Toyota, en mettant en sommeil le segment des micro-citadines (quitte à le redéfinir dans le futur), pour accélérer sur l'autre volet de leur accord, qui concerne les utilitaires. Plus rentables, plus flexibles à produire et plus faciles à vendre, ils pourraient devenir le fer de lance d'une alliance revitalisée.

D'autant que la concurrence a pris les devants, l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi étant en train de mettre les bouchées doubles sur l'utilitaire au niveau mondial, grâce à ses usines de Maubeuge et Sandouville. 450 millions d'euros et des centaines d'embauches viennent d'y être annoncées.