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Quelle nouvelle stratégie industrielle veut mettre en place l'Europe?

La toute nouvelle Commission a dévoilé les grands axes de sa vision pour l'industrie. Une stratégie qui pourrait porter ses fruits, estime sur BFM Business, Philippe Varin, président de France Industrie.

La Commission européenne entend remettre à plat toute sa stratégie industrielle afin de s'adapter à la nouvelle donne mondiale. Ce mardi, Bruxelles a ainsi dévoilé les grands axes de cette stratégie qui constitue une pierre angulaire pour Ursula von der Leyen, sa présidente.

Cette nouvelle vision s'appuie sur plusieurs piliers: le pacte vert, la numérisation de l’économie, un nouveau droit de la concurrence à l'aune de l'émergence de nouveaux géants industriels et de la mondialisation, et l'inclusion forte des PME dans des écosystèmes dédiés.

"C'est une bonne nouvelle pour l'Europe. Elle nous permettra de renforcer notre souveraineté, d'être moins dépendants de pays étrangers dans certains secteurs stratégiques", s'est réjoui le ministre français des Finances, Bruno Le Maire.

Ecosystèmes prioritaires

La Commission a retenu une vingtaine d'"écosystèmes" prioritaires (comme l'industrie automobile, l'aéronautique-espace, la construction durable...). Chacun de ces écosystèmes sera composé de grandes entreprises du secteur, mais aussi de PME, de laboratoires de recherches et d'universités. 

Pour bien les identifier, la Commission travaillera en étroite collaboration avec un forum industriel, mis en place d'ici septembre 2020 et composé de représentants de l'industrie, des partenaires sociaux, de chercheurs, d'Etats membres et des institutions de l'UE.

Ces annonces sont plutôt bien accueillies par Philippe Varin, président de France Industrie, invité sur le plateau de Inside sur BFM Business.

"C'est nouveau et c'est très important. (...) Si l'Europe veut asseoir sa souveraineté technologique, la chose nouvelle qui est proposée aujourd'hui, c'est de choisir ses priorités, donc d'identifier des écosystèmes, c'est d'avoir un jeu collectif autour de ces priorités et c'est là qu'on peut inclure (...) Une fois qu'on a dit qu'on est inclusif, c'est de voir si les outils de l'Union européenne peuvent être adaptés à chacun de ces écosystèmes".

PIIEC

Pour l'ancien président de Peugeot, les domaines prioritaires de ces écosystèmes sont "la nanoélectronique, ce sont les batteries, c'est la cyber sécurité, c'est l'hydrogène, c'est la décarbonation des procédés industriels, c'est tout ce qui concerne l'e-santé".

L'exécutif européen entend également favoriser le développement de projets importants d'intérêt européen commun (PIIEC), des sortes de "mini-Airbus" dans un secteur bien précis, comme Paris et Berlin l'ont déjà fait avec les batteries de voitures électriques. 

Reste la question d'un accord entre les Etats dans une Union européenne qui n'est même pas capable de s'accorder sur son budget.

"C'est justement l'intérêt de cette approche", avance Philippe Varin. "Quand les industriels disent: on est prêts à avoir un partenariat sur l'hydrogène par exemple, l'Europe si on lui demande peut créer un PIIEC et à ce moment là, les Etats peut aider ces acteurs, c'est un premier intérêt. Le deuxième intérêt, c'est de faire en sorte que les outils européens qui sont assez multiples aujourd'hui mais qui ne sont pas adaptés à toutes les situations", le soient "au cas par cas et ça c'est une vraie nouveauté".
Olivier Chicheportiche avec AFP