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Relocalisations: la tentation des pays de l'Est

Avec un coût du travail moins élevé et surtout un cadre légal commun, ces pays disposent de nombreux atouts aux yeux des industriels qui veulent relocaliser leur production en Europe explique sur BFM Business, Julien Marcilly de la Coface.

Les relocalisations de la production industrielle est un des enseignements les plus importants de la crise du Covid. Les européens constatant leur dépendance à la Chine ont décidé de ne plus mettre leurs oeufs dans le même panier et dans ce mouvement, les pays de l'Est pourraient tirer leur épingle du jeu.

Il faut dire qu'il y a de nombreux atouts à travailler avec l'Europe de l'Est: un coût du travail moins élevé, la proximité avec les pays riches d'Europe de l'Ouest et surtout un cadre légal commun depuis l'intégration à l'Union de pays comme la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie ou la Roumanie.

De l'industrie aux services

"Se diversifier, c'est sans doute souvent au détriment de la Chine qui joue un rôle central dans beaucoup de secteurs d'activité et donc il faut trouver des alternatives et la région Europe centrale et orientale regroupe un certain nombre d'atouts pour être un de ces alternatives", souligne sur BFM Business, Julien Marcilly, chef économiste à la Coface qui a rédigé une étude sur le sujet.

Dans cette étude, la Coface relève que depuis une vingtaine d'année, ces pays attirent de plus en plus d'investissement étranger notamment dans l'automobile "depuis le début des années 2000".

Mais cette nouvelle mondialisation pourrait s'accélérer à la faveur du télétravail, note l'assureur-crédit. Des services pourraient donc être relocalisés dans ces régions. Ainsi les services liés aux technologie de l'information ou de l'informatique pourraient aussi se déplacer vers l'Est de l'Union selon la Coface. 

Faiblesses

"Aujourd'hui, l'histoire est peut-être un peu différente", estime Julien Marcilly. "Ces pays qui, avant, ont attiré davantage d'investissements dans des filières manufacturières vont peut-être attirer aujourd'hui des investissements dans des filières de services (...) on a déjà commencé à le voir dans les chiffres pour certains pays (...) mais c'est vrai que ces changements de tendance dans les investissements directs étrangers mettent du temps à se voir, ce sont vraiment des tendances de fond (...) mais on peut penser que cette crise sanitaire est susceptible d'accélérer les choses pour certains de ces pays". 

D'autant que le plan de relance européen prévoit d'inciter les entreprises à relocaliser massivement les emplois dans les pays membres en investissant dans des secteurs stratégiques comme la pharmacie, l'agroalimentaire ou l'électronique.

Pour autant, l'expert souligne les disparités dans les pays de la région. "C'est très inégal d'un pays à l'autre. Certains ont fait beaucoup d'efforts en matière de formation de la main d'oeuvre (...) et il ne faut pas oublier que ces dernières années, on a beaucoup parlé de pénurie de main d'oeuvre dans cette région (...) et ces pays vont souffrir d'une récession marquée à court terme".

Olivier Chicheportiche