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Report du Brexit? "cette résolution doit être validée par la Chambre des lords", prévient Peter Ricketts

Ce mercredi 4 septembre au soir, la Chambre des communes britannique a tenté de faire passer un projet de loi pour contraindre Boris Johnson à demander un nouveau report du Brexit à Bruxelles. Pari réussi puisque les députés de l'opposition sont parvenus à bouleverser ses plans en votant à une majorité de 29 voix cette proposition de loi. Ce que présageait l'ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France.

Le front anti "no deal" pouvait-il réussir à bloquer un divorce sans accord ? Si l'on sait désormais qu'une première étape décisive a été franchie ce mercredi soir grâce au vote de l'opposition et de certains conservateurs modérés, il est un diplomate britannique qui s'attendait à ce résultat. C'est le cas de Peter Ricketts, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France, invité dans l'émission Inside qui estimait, peu avant ce premier résultat, que la situation dans le pays se révèle actuellement particulièrement délicate.

"Oui, c'est très compliqué, on vit des jours sans précédent ici. A mon avis, 'oui', le projet de loi va passer. Logiquement la résolution qui a pris le contrôle de l'ordre du jour qui est passée hier, on aura à peu près la même majorité ce soir sur le projet de loi. Ensuite, cette résolution doit être validée par la Chambre des lords. Là encore menaces d'obstruction de la part de certains conservateurs il peut y avoir. "A l'heure où nous parlons, l'obstruction est en cours. Absolument. On est lancé dans la même opération que dans la Chambre des députés hier soir. On est en train de faire passer une résolution qui prend le contrôle de l'ordre du jour pour demain et vendredi pour que le projet de loi passe chez nous, pour être corrigé, regardé chez nous. Et puis renvoyer à la Chambre des députés vendredi soir. Et à ce moment-là, ça va être acté à mon avis".

Le pari de Johnson

Dans le cas où ce projet de loi anti no deal passait, Boris Johnson a décidé qu'il convoquerait des élections anticipées pour le 15 octobre prochain. Reste à savoir s'il s'agit d'une stratégie qui peut être couronnée de succès. "Son pari, c'est qu'il veut rassembler à droite", souligne l'ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France.

Et de préciser : "Ça veut dire, il prend le parti conservateur à droite pour manger les sandwichs de Nigel Farage (le dirigeant du Parti du Brexit - NDLR), et avoir une seule droit dure autour de Boris Johnson au moment où les libéraux, les progressistes sont plutôt divisés entre les Travaillistes, les Libéraux, les indépendants maintenant, les Conservateurs comme on les appelle ici. Si vous êtes intégré d'un côté, divisé de l'autre côté le pari c'est que la droite va gagner. Je ne peux pas vous dire parce que le pays est tellement divisé que c'est également encore très possible d'avoir encore un parlement sans majorité claire. Ça c'est assez probable comme résultat d'une élection à mon avis".

La stratégie (payante?) de la clarté

Reste également à déterminer quel danger représente véritablement ce parti du Brexit pour Johnson.

Selon Peter Ricketts, "je pense que le pari de Johnson, s'il est un peu ambigu, un peu flou sur le départ du Royaume-Uni le 31 octobre, Farage gagne. Farage engrange des votes à ce moment-là. Si Johnson est absolument clair (…) (concernant son départ – NDLR) coûte que coûte le 31 octobre, il va couper l'herbe sous le pied de Nigel Farage comme vous dites, à ce moment-là il a la droite à peu près rassemblée et il peut gagner. Mais c'est un risque, c'est un vrai risque parce que le pays (comme je l'ai dit) est tellement divisé, il peut très bien arriver avec une majorité très très faible, ou même pas de majorité du tout. Et à ce moment-là la crise politique ici continue".

J.C-H