La Russie encalminée jusqu'en 2030
De tous les BRIC (Brésil, Inde, Russie, Chine), la Russie est le pays dont les perspectives de croissance sont les plus moroses. Ce mardi 3 décembre, le gouvernement a, une nouvelle fois, abaissé ses prévisions pour 2013 et 2014. Cette année le PIB ne progresserait que de seulement 1,4%, contre 1,8% dans la précédente estimation. Pour 2014, elle passe de 3% à 2,5%.
Un chiffre qui fait pâle figure comparé au dynamisme de l'économie russe dans les années 2000, où la croissance variait entre 6 et 8%. Même après la crise de 2008, le pays avait réussi surmonter une récession de près de 8% pour atteindre une croissance de plus de 4% en 2010 et 2011.
Pour l'avenir, l'exécutif n'est guère plus optimiste. Le 7 novembre dernier, le ministre de l'économie Alexei Oulioukaev a estimé qu'il voyait la croissance de son pays progresser à un rythme moyen de 2,5% d'ici à 2030, soit moins que la croissance mondiale (environ 3,5%).
Un modèle en question
Dans une interview à Reuters fin octobre, le Premier ministre Dimitri Medvedev affirmait déjà "qu'il n'y a pas de formule magique pour créer de la croissance. Et dans le cas où il y en aurait une, nous ne la connaissons pas".
De son côté Neil Shearing, chef économiste des pays émergents chez Capital Economics cité par Bloomberg, estime que d'ici à 2030, "sans un changement majeur de politique économique, nous craignons que la Russie ne passe de l'une des économies les plus dynamiques à l'une des plus atone".
L'économiste Jacques Sapir explique sur son blog que "le ralentissement de la croissance met en cause le choix d’un modèle essentiellement tiré par les exportations". Si la baisse des cours du pétrole n'est pas étrangère à l'affaiblissement de ce modèle, la Russie connaît d'importants problèmes structurels.
Une corruption qui gangrène le pays
Au plan du commerce extérieur, Jacques Sapir explique qu'"il est probable que la Russie a perdu en compétitivité par rapport à d’autres pays émergents bien plus que par rapport aux pays développés, comme les États-Unis et les pays de l’Union Européenne".
Dans le cas de son économie intérieure, l'investissement, tant étranger que domestique, reste faible et risque de le demeurer. La raison: un climat des affaires miné par des infrastructures défaillantes et surtout par la corruption. Dans le classement de Transparency International, le pays ne se classe qu'au 127ème rang sur 176 pays. De plus, dans sa cartographie des risques, la Coface écrit que "la faiblesse du cadre légal et de la protection des droits de propriété freine l’investissement".
La Russie doit donc trouver en elle-même les sources d’une croissance forte", conclut Jacques Sapir. Il estime également que la banque centrale de Russie doit mener "une politique monétaire plus accommodante".