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Russie : Le film « Les Animaux fantastiques » ravive le protectionnisme d'Etat

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Les « Animaux fantastiques » (2ème volet) indispose le ministre de la Culture en Russie. L’immense succès du film américain justifierait un protectionnisme d’Etat.

Vladimir Medinsky est exaspéré par le film « Les Animaux fantastiques » et surtout le raz-de-marée qu'il suscite dans les salles de cinéma de son pays. Le ministre russe de la Culture se dit scandalisé que l’œuvre, écrite et co-produite par l’auteure britannique à succès J.K Rowling, ait pu à sa sortie pratiquement monopoliser les écrans : plus de 70 % des cas certains jours de novembre.

Pour lui, cette domination illustre à quel point Hollywood parvient à imposer ses conditions aux distributeurs en Russie. Et cela justifierait qu’un protectionnisme d’Etat soit instauré afin de « sauver » une industrie nationale d’une « machine mondiale ». Vladimir Medinsky se déclare « heureux » que cette idée ait enfin été reprise à son compte au sein des milieux russes du cinéma. Karen Shakhnazarov, le directeur général des studios Mosfilm, les plus importants du pays, ayant appelé à limiter les projections d’œuvres américaines.

Russie : 1er marché d’Europe

Pour résister, le ministre considère qu’il va falloir en passer par une législation plus restrictive et puis continuer à augmenter les subventions allouées aux films russes, afin de leur garantir des débouchés suffisants en salle.

Si le gouvernement russe passe aux actes, ce sera pour les studios d’Hollywood tout sauf négligeable : la Russie est devenue, l’an dernier, le marché du continent européen où se vendent le plus de tickets - 212 millions, en progression de 10 % d’après l’Observatoire européen de l’audiovisuel, basé à Strasbourg, dépassant ainsi la France.

Contre Netflix

La dimension de politique intérieure du projet est forcément à prendre en compte. Un journal moscovite libéral rapporte que le marché national a été secoué par différents incidents d’ingérence étatique, en forçant notamment la reprogrammation de films étrangers ou en leur refusant des licences de diffusion tout public.

Vladimir Medinsky y voit une nécessaire régulation si la Russie entend favoriser l’essor de son industrie culturelle, comme cela se fait ailleurs en Europe… Dans cette optique, la législation française pourrait bien servir d’élément de référence. Il juge, par ailleurs, qu’une production cinématographique « patriotique » doit contribuer à cimenter la nation. Un universitaire explique comment ce ministre, membre de l’influente Société d’histoire militaire, soutient autant que possible les films d’apologie des grandes victoires nationales, que ce soit à la guerre, au sport ou dans l’exploration spatiale. Tout comme le font les Etats-Unis, juge-t-on à Moscou.

En 2016, Vladimir Medinsky s’en était pris au service Netflix, exprimant à la fois admiration et rejet. « Les Américains comprennent comment entrer dans les foyers de tout le monde et, de là ils entrent dans la tête de chaque personne sur Terre ».