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La Russie et l'UE sceptiques après l'accord de Téhéran

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PARIS - Les puissances européennes et la Russie ont réagi avec une prudence teintée de scepticisme lundi à l'annonce par l'Iran d'un accord sur...

PARIS (Reuters) - Les puissances européennes et la Russie ont réagi avec une prudence teintée de scepticisme lundi à l'annonce par l'Iran d'un accord sur son programme nucléaire mis au point sous l'égide de la Turquie et du Brésil.

A Londres ou à Paris, on dit attendre de connaître les détails du texte pour se prononcer sur le fond, mais dans les trois capitales, il n'était pas question dans l'immédiat de renoncer à envisager de nouvelles sanctions contre l'Iran.

Si le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé qu'un nouveau train de sanctions ne s'imposait plus, Londres a jugé que les négociations en vue de ces mesures devaient se poursuivre.

"L'Iran a l'obligation d'assurer la communauté internationale de ses intentions pacifiques", déclare Alistair Burt, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, dans un communiqué.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), souligne-t-il, "dit ne pas être en mesure de le vérifier. C'est pourquoi nous travaillons avec nos partenaires à une résolution du Conseil de sécurité assortie de sanctions. Ce travail doit se poursuivre jusqu'à ce que l'Iran prenne des mesures concrètes pour se conformer à ses obligations."

Pour le ministère français des Affaires étrangères, l'accord ne résout pas les problèmes de fond que pose le programme nucléaire de Téhéran.

"Ne nous leurrons pas: une solution à la question du (réacteur de recherche), le cas échéant, ne règlerait en rien le problème posé par le programme nucléaire iranien", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, en déplorant les "violations constantes" de ses obligations internationales par l'Iran.

EXAMINER L'ACCORD

"Le c?ur du problème nucléaire iranien, c'est la poursuite des activités d'enrichissement à Natanz, la construction du réacteur à eau lourde d'Arak, la dissimulation du site de Qom, les questions des inspecteurs de l'AIEA laissées sans réponse à ce jour", a-t-il ajouté.

La Commission européenne et l'Allemagne ont réagi quant à elles avec prudence à l'annonce de l'accord de Téhéran.

A Bruxelles comme à Berlin, on insiste sur la nécessité d'examiner en détail les modalités de l'accord conclu sous médiation turco-brésilienne, avant de se prononcer sur le fond.

"Nous devons d'abord savoir exactement ce qui a été conclu", a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand, en ajoutant que, pour Berlin, il était important que l'Iran s'aligne sur les exigences des Nations unies.

"Nous devons attendre d'avoir les détails complets de l'accord", a souligné en écho un porte-parole de la Commission européenne. "Tout en allant dans la bonne direction, cet accord ne traite pas dans son intégralité la question du programme nucléaire iranien", a-t-il ajouté.

Le porte-parole a indiqué que Catherine Ashton, Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité, était prête à rencontrer les autorités iraniennes pour rechercher une solution "pleine et entière".

Il a estimé que de nombreuses questions soulevées par les Six - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et l'Allemagne - "restaient sans réponse".

Le président russe Dmitri Medvedev a jugé que les questions que se pose la communauté internationale sur le programme nucléaire iranien restaient sans réponse. Mais il a suggéré une "pause" dans les consultations sur les sanctions, afin d'analyser la nouvelle situation créée par l'accord de Téhéran.

Avec les rédactions de Washington, Bruxelles, Londres, Paris, Berlin, Moscou et Bakou, Pascal Liétout pour le service français