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Russie: Poutine à l'épreuve des sanctions européennes

Le président russe Vladimir Poutine

Le président russe Vladimir Poutine - Kirill KUDRYAVTSEV / POOL / AFP

Emmanuel Macron reçoit lundi le président russe Vladimir Poutine au fort de Brégançon. L’Ukraine, l’Iran et la Syrie au programme et, en toile de fond, les sanctions économiques européennes contre la Russie, reconduites en juin dernier.

A défaut de poser le pied au Pays basque, Vladimir Poutine s’arrête en Provence. Quelques jours avant le sommet du G7 de Biarritz, instance dont est exclue la Russie depuis 2014, Emmanuel Macron recevra lundi le président russe au fort de Brégançon, sa résidence estivale, pour aborder les différentes crises qui secouent le monde. De la Libye à la Syrie en passant par l’Ukraine, le voisin russe, dont les relations sont tumultueuses avec les Occidentaux, est incontournable. Le président français veut, lui, trouver des terrains d'entente avec son homologue russe. 

Le dialogue ne sera pas facile. Les deux dirigeants se sont vus pour la dernière fois au G20 d'Osaka, quelques jours après la reconduction, pour six mois supplémentaires, des sanctions économiques européennes contre Moscou. Assurant n’avoir constaté aucun progrès dans le dossier ukrainien, où la Russie est accusée d’agir en sous-main, les Européens avaient remis une pièce dans la machine. D’autant que les Vingt-Huit, le même jour, avaient déjà reconduit pour un an d'autres sanctions mises en place en 2014 pour riposter à l'annexion jugée illégale de la Crimée et de la ville de Sébastopol.

Or, si une première vague de sanctions, qui concernaient une centaine de personnalités russes, n’a eu que peu d’impact, la seconde vague de mesures, en restreignant les possibilités de financement à moyen et long terme sur les marchés financiers internationaux, s’est faite ressentir sur l’investissement de quelques grands acteurs industriels et financiers. Dans une économie russe en berne, qui vient de marquer un nouveau coup d’arrêt en début d’année, le maintien de ces sanctions, qui n’ont pas toutes été infligées par l’UE, risque d’être être préjudiciable sur le long terme.

Essoufflement économique

Sont-elles les seules responsables de l’essoufflement russe ? La responsabilité est avant tout du côté de la dégradation du climat des affaires, qui dissuade les entreprises occidentales de s'engager trop fortement dans le pays, et de la forte chute des prix du pétrole depuis 2014. La croissance russe a chuté de 4 points entre 2013 et 2016, mais les sanctions n’auraient coûté, selon des estimations, qu’un point de PIB. Le ralentissement russe, structurel, s’observe depuis la fin des années 2000, poussé par le manque de diversification et la dépendance envers les exportations d'hydrocarbures.

« Ces sanctions pèsent aujourd’hui sur l’économie russe, incontestablement, avec des effets différents selon les secteurs […]. Se priver des relations économiques avec les Européens et les Américains, c’est aussi un certain nombre d’investissements qui n’ont pas pu être faits », observe Florent Parmentier, maître de conférence à Sciences Po, sur le plateau de BFM Business. « Les relations sont tendues depuis 2014 mais de part et d’autre, pragmatiquement, on commence à se demander s’il ne serait pas temps de voir ce qui pourrait être fait de manière conjointe », poursuit-il.

La détente avec l’Europe est cruciale pour la Russie. Les deux économies dépendent fortement l’une de l’autre, mais cette interdépendance est asymétrique : l'économie européenne est huit fois supérieure à celle de son voisin. L'UE pèse 40 % du commerce extérieur de la Russie, fournisseur majeur de matières premières énergétiques. Vladimir Poutine multiplie ainsi les signes conciliants sur plusieurs dossiers internationaux. Dernier exemple en date, la libération par la justice russe du banquier français Philippe Delpal, détenu depuis février sous l'accusation de fraude.

Jérémy Bruno