BFM Business
International

Selon la Fed, la guerre commerciale pourrait coûter 1% de son PIB aux Etats-Unis

-

- - AFP

Pour la première fois, la banque centrale américaine tente d'évaluer l'impact du conflit commercial initié par Donald Trump en mars 2018.

L'incertitude créée par la guerre commerciale du président Donald Trump pourrait faire perdre jusqu'à 1% du Produit intérieur brut américain d'ici début 2020, affirme une étude de la Réserve fédérale américaine. Dans leur note publiée jeudi, les chercheurs de la Fed estiment que l'incertitude autour du commerce mondial avait "atteint des niveaux qui n'avaient plus été vus depuis les années 1970". En raison de l'escalade des tarifs douaniers, le poids de ces inquiétudes, sur une période comprise entre début 2018 et début 2020, devraient "aboutir à un impact d'un peu plus de 1%" du PIB, concluent-ils.

Concrètement, 1% du PIB américain (qui tourne autour de 20.000 milliards de dollars) représente environ 200 milliards de dollars. L'étude, qui a notamment dénombré les références aux problèmes commerciaux dans les commentaires de résultats des entreprises ainsi que dans les médias, affirme que cet impact touchera aussi bien les économies avancées que les pays émergents. A l'échelle mondiale, la guerre commerciale pourrait réduire de 850 milliards de dollars les échanges commerciaux, selon les calculs de Reuters.

Des échanges commerciaux qui déclinent

Invité de Good Morning Business, lundi, le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria estimait que les tensions commerciales avaient "coûté déjà 1% (un point de PIB, NDLR) de la croissance mondiale" pour 2019 et 2020. Avant de prévenir: "C'est vraiment très très difficile et très dangereux. (...) Car ça pourrait même être pire".

L'OCDE a également publié un rapport alarmiste sur ce sujet la semaine dernière. Si les Etats-Unis, comme la Chine, voient leurs exportations baisser (-2,9% au deuxième trimestre sur un an pour les Etats-Unis et -1,6% pour la Chine), l'Union européenne est aussi largement touchée. Ses exportations et ses importations diminuent respectivement de 3,2% et de 3,6% au deuxième trimestre par rapport à la même époque l'an passé.

Du côté de l'emploi, une étude du cabinet Challenger, Gray & Christmas a évalué à 10.000, le nombre de postes supprimés aux Etats-Unis, en août, directement lié à la guerre commerciale. "Les employeurs commencent à sentir les effets de la guerre commerciale et les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis et la Chine" déplore l'étude.

2020 en ligne de mire

Ce jeudi, le ministère chinois du Commerce a annoncé la reprise des négociations bilatérales pour octobre prochain, après un entretien, jeudi, entre le principal négociateur chinois, Liu He, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin.

Cet échange est intervenu cinq jours après l'entrée en vigueur de nouvelles surtaxes douanières réciproques. Les Etats-Unis appliqueront désormais d'ici à mi-décembre des droits de douane punitifs sur la quasi-totalité des biens chinois importés aux Etats-Unis (représentant un peu plus de 500 milliards de dollars de marchandises en 2018). La Chine a répliqué en augmentant les droits de douane sur 75 milliards de dollars de biens américains qui franchissent sa frontière (sur un total de près de 120 milliards de dollars d'exportations américaines vers l'empire du Milieu en 2018, d'après les chiffres du Bureau du recensement des États-Unis).

Désormais, la résolution du conflit semble compliquée à obtenir avant les prochaines élections présidentielles américaines, prévues en novembre 2020. Pékin espère l'élection d'un candidat démocrate pour aboutir sur ces négociations tendues. De son côté, Donald Trump, en pleine campagne présidentielle, n'entend pas relâcher la pression sur la Chine. Courant août, il a néanmoins décidé de repousser l'augmentation des taxes sur les produits électroniques chinois au 15 décembre, officiellement pour ne pas gâcher les fêtes de Noël aux Etats-Unis. Le poids des produits importés par les fleurons de la technologie américaine (Apple, Qualcomm…) a aussi probablement joué dans la balance.

Thomas LEROY avec AFP