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Semaine de quatre jours : le débat refait surface au Royaume-Uni

Le chancelier de l'Échiquier du cabinet fantôme John McDonnell et Jeremy Corbyn au Congrès du Parti travailliste à Liverpool, le 24 septembre 2018.

Le chancelier de l'Échiquier du cabinet fantôme John McDonnell et Jeremy Corbyn au Congrès du Parti travailliste à Liverpool, le 24 septembre 2018. - PAUL ELLIS / AFP

Les Travaillistes n'excluent plus d'intégrer la semaine de quatre jours dans leur programme : les organisations patronales s'inquiètent.

« La semaine de 4 jours est un objectif réaliste pour le 21e siècle ». Il y a un mois, lors de son congrès, la puissante Trade Union Confederation (TUC) avait remis à l’ordre du jour le débat sur la semaine de quatre jours que l’on croyait définitivement enterré.

Des journées longues et une productivité médiocre

Le Parti travailliste, dont la confédération est l’un des principaux soutiens financiers, avait dans un premier temps, démenti vouloir la mettre en place. Mais le Labour a opéré un virage à 180 degrés depuis : interrogé par la BBC ce dimanche, le chancelier de l’Échiquier du cabinet fantôme de Jeremy Corbyn, John McDonnell, n’a pas exclu de faire figurer la mesure dans le prochain programme, le « manifesto » du Parti travailliste : « Nous allons regarder du côté de la réduction du temps de travail, parce que l’économie britannique est une économie où les journées sont longues, a expliqué John McDonnell. « C’est nous qui faisons les plus longues heures en Europe, et pourtant nous sommes les moins productifs. Les Allemands et les Français produisent en quatre jours, ce que nous produisons en cinq » a-t-il ajouté.

L’autre argument développé par les syndicats et par le chancelier de l’Échiquier du cabinet fantôme, c’est que les travailleurs britanniques doivent profiter des bénéfices apportés par l’automatisation de l’industrie et par l’intelligence artificielle ; or pour l’instant, regrettent-ils, c’est le contraire qui s’est produit.

Les organisations patronales vent debout

La réaction des organisations patronales ne s’est pas fait attendre. « Bien sûr, il faut que les entreprises utilisent la technologie et l’Intelligence artificielle pour améliorer la productivité de notre économie, parce qu’il est vrai que le Royaume-Uni est à la traîne » a admis la Small Business Federation (SBF) qui défend les PME-TPE, « mais on voit mal comment cela peut être réussi en se contentant de réduire les heures de travail. »

La Confederation of British Industry (CBI ), qui défend les grands entreprises, est allée encore plus loin : « à l’heure ou la flexibilité du travail devient plus essentielle que jamais, des approches rigides de ce type nous semblent aller dans la mauvaise direction » a affirmé son porte-parole. « Les Travaillistes devraient travailler avec les entreprises afin de trouver de vraies solutions à leurs problèmes et éviter les slogans démagogiques » a ajouté la CBI.

Les patrons s’inquiètent, car le retour au pouvoir des Travaillistes ne relève pas de la politique fiction. Avec le chaos du Brexit, de nouvelles élections, et avec elles, une éventuelle victoire du Labour, ne sont en effet pas à exclure.

Delphine LIOU