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Situation explosive à Bangkok entre soldats et manifestants

Barricade de fortune érigée par des "chemises rouges" dans le centre de Bangkok, où la situation est explosive après une nuit d'affrontements entre soldats et manifestants antigouvernementaux qui ont fait un mort et neuf blessés, dont un chef militaire de

Barricade de fortune érigée par des "chemises rouges" dans le centre de Bangkok, où la situation est explosive après une nuit d'affrontements entre soldats et manifestants antigouvernementaux qui ont fait un mort et neuf blessés, dont un chef militaire de - -

par Jason Szep BANGKOK - La situation est explosive dans le centre de Bangkok après une nuit d'affrontements entre soldats et manifestants...

par Jason Szep et Ambika Ahuja

BANGKOK (Reuters) - L'armée thaïlandaise a ouvert le feu vendredi sur les manifestants antigouvernementaux retranchés dans un campement érigé dans le centre de Bangkok, transformant le quartier d'affaires de la capitale en véritable champ de bataille.

Cinq personnes ont été tuées et au moins 92 autres blessées, dont trois journalistes depuis le début des affrontements jeudi soir, a-t-on appris auprès des hôpitaux et de témoins.

Un journaliste canadien, correspondant à Bangkok de France 24, Nelson Rand, a été blessé, a indiqué la chaîne de télévision. Le journaliste, qui a été touché par balles alors qu'il se trouvait entre les manifestants et les soldats, se trouve dans un état stationnaire.

Deux journalistes thaïlandais ont également été blessés par balles, a rapporté un journaliste de Reuters.

"Nous espérons un retour à la normale dans les prochains jours", a indiqué le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn.

De nouveaux accrochages entre militaires et "chemises rouges" ont éclaté tôt vendredi au lendemain de la tentative d'assassinat du "conseiller" militaire des manifestants, qui réclament le départ du Premier ministre et la tenue d'élections anticipées.

Cet ancien général surnommé le "commandant rouge", Khattiya Sawasdipol, a été blessé d'une balle en pleine tête. Il a subi une opération du cerveau et se trouve dans un état stationnaire. L'auteur du tir n'a pas été identifié.

Les soldats ont fait usage de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de balles réelles face aux "chemises rouges" qui ont répliqué en lançant des roquettes artisanales et des cocktails Molotov sur les rues menant au camp où ils sont retranchés depuis près de cinq semaines, ont indiqué des témoins.

A la tombée de la nuit vendredi, au moins cinq puissantes explosions avaient été entendues, suivies de rafales d'armes automatiques dans le quartier d'affaires.

RISQUES DE DIVISION

L'armée a assuré qu'elle ne comptait pas poursuivre pour l'instant les opérations engagées contre les milliers de manifestants.

"Nous allons permettre aux manifestants de quitter la zone aujourd'hui", a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée Sansern Kaewkamnerd. Les autorités tentent de déloger les "chemises rouges" en leur coupant l'accès à l'eau et l'électricité, a-t-il ajouté.

Illustrant les craintes sur une possible division entre l'armée et les forces de l'ordre, partisans comme les manifestants de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, un policier a fait usage de son arme contre des soldats pour couvrir des manifestants, selon un correspondant de Reuters. L'information a été démentie par un porte-parole de la police.

Les autorités avaient décidé jeudi de recourir à des mesures musclées pour reprendre le contrôle du quartier commerçant de Bangkok occupé par les manifestants après l'échec du plan de réconciliation présenté la semaine dernière par le Premier ministre Abhisit Vejjajiva.

Ce dernier a retiré mercredi son offre d'organiser des élections législatives le 14 novembre, soit un an avant la date prévue.

Les manifestants, pour la plupart partisans de Thaksin Shinawatra renversé par un coup d'Etat en 2006, avaient accepté ce calendrier mais ont posé d'autres conditions. Ils exigent notamment que le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban, accusé d'être responsable des affrontements violents ayant fait 25 morts le 10 avril, se rende à la police.

Abhisit fait face à une pression de plus en plus forte pour sortir le pays de cette crise sans précédent depuis 20 ans, dont les débordements ont déjà fait une trentaine de morts et plus de 1.400 blessés, minant la confiance des investisseurs et des consommateurs.

Des milliers de manifestants occupaient encore vendredi soir le camp retranché, territoire urbain de trois kilomètres carrés entouré de barricades faites de pneus, de bambous aspergés d'essence et de fils barbelés.

"Abhisit doit prendre ses responsabilités politiques. Sinon, nous irons vers plus de chaos", a indiqué à Reuters un des leaders des "chemises rouges", Nattawut Saikua.

Avec Ploy Ten Kate, Chalathip Thirasoonthrakul et Damir Sagolj, Clément Dossin, Pierre Sérisier et Marine Pennetier pour le service français