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Sommet de l’UE suspendu : une image « pas sérieuse », selon Macron

Emmanuel Macron s'adressant à la presse après la tenue du sommet européen à Bruxelles pour désigner les postes clés de l'UE.

Emmanuel Macron s'adressant à la presse après la tenue du sommet européen à Bruxelles pour désigner les postes clés de l'UE. - AFP

Après une nuit d’infructueuses tractations, le président français a dénoncé lundi à la mi-journée un enchaînement de « réunions trop longues qui ne mènent à rien »

Un « club de 28 qui se réunit sans jamais se décider » ; Une Europe qui n’est « pas crédible au plan international » ; Des ambitions personnelles qui ont empêché un accord, à un moment « très proche » d'aboutir… Ce lundi 1er juillet à la mi-journée, Emmanuel Macron a choisi de ne pas mâcher ses mots au sortir d’une réunion au cours de laquelle les dirigeants européens étaient supposés s’accorder pour répartir des postes clés au sein de l’UE.

Passablement remonté quant au fait que les chefs d'Etats et de gouvernements européens ne soient pas parvenus à choisir un candidat pour la présidence de la Commission malgré une nuit blanche, le président français a qualifié cette réunion d’« échec », fustigeant dans la foulée les divisions au sein du Parti populaire européen (PPE).

« On ne peut pas être les otages de l'un ou de l'autre ou de petits groupes qui se forment », a-t-il ajouté en quittant le Conseil européen. Selon lui, cet échec entache non seulement la crédibilité des représentants européens à l'international, mais également aux yeux de leurs concitoyens. D’où la nécessité pour le chef de l’Etat français d’opérer une réforme des règles de fonctionnement de l'Union.

La confiance règne

Malgré cela, Emmanuel Macron s’est estimé confiant dans la capacité des dirigeants européens à trouver un accord. Suspendu à la mi-journée ce lundi, le sommet doit techniquement reprendre mardi 2 juillet en fin de matinée. « Nous allons poursuivre notre travail et les concertations d'ici demain, nous retrouver à 11h00, et je suis confiant sur le fait que nous aurons un accord sur cette voie, nous allons y travailler avec la même bonne volonté », a-t-il précisé.

Pour le président français, l’urgence de la discussion porte essentiellement sur l’attribution des plus hautes fonctions. Notamment celles qui concernent les présidences de la Commission, du Conseil et du Haut représentant aux affaires étrangères. Laquelle discussion doit se poursuivre sans pour autant totalement rebattre les cartes.

Pas de nouveaux venus

Dans le détail, les montages les plus discutés dans la nuit et la matinée comprenaient des noms comme ceux de Frans Timmermans, de Kristalina Georgieva, de Charles Michel, ou celui de Manfred Weber pour assurer la présidence du Parlement européen. « On sait quels sont les profils qui sont à la fois candidats et crédibles et qui correspondent aux critères qui sont les nôtres. Et ensuite il faut pouvoir les composer de manière harmonieuse pour tenir les équilibres », a précisé Emmanuel Macron. « On ne va pas sortir du chapeau des personnalités nouvelles ».

Le chef de l'Etat français a, malgré tout, salué l'action d’Angela Merkel au cours des négociations. Selon lui, la chancelière allemande a mis tout en œuvre afin de rapprocher les positions des dirigeants liés au PPE, ainsi que le travail des Premiers ministres Charles Michel (Belgique), Pedro Sanchez (Espagne), Mark Rutte (Pays-Bas) et Antonio Costa (Portugal).

Chronique d’un échec annoncé

Le fait est que pour un certain nombre de diplomates européens, cet échec était visiblement à prévoir... Selon eux, ce sommet avait « été très mal préparé ». En outre, le sommet avait commencé avec trois heures de retard. Il avait, ensuite, été suspendu vers 23h30 pour permettre au Président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, de mener à bien des consultations bilatérales avec chacun des dirigeants. A son arrivée au sommet, Angela Merkel avait, elle aussi, présagé que la réunion risquait d’être difficile.

Le 20 juin dernier, le Premier parti politique au Conseil et au Parlement européen, le PPE avait déjà vu son candidat, l’Allemand Manfred Weber, recalé lors du précédent sommet. Le PPE avait, par la suite, accepté de soutenir la nomination du candidat de la famille sociale-démocrate, le Néerlandais Frans Timmermans, à condition toutefois d’obtenir les présidences du Parlement européen et du Conseil.

Si les sociaux-démocrates, deuxième force politique au Conseil et au Parlement, soutenaient la revendication du PPE, ce n’était logiquement pas le cas des Libéraux qui réclamaient aussi la présidence du Conseil. Difficile dans ces conditions pour Donald Tusk de sortir de l’impasse. Ce d’autant plus que c’est bien la droite (la PPE) qui tient aujourd’hui la clé de ces nominations. Aucune solution ne peut être avalisée sans le soutien de cette famille politique. Notamment, parce qu’aucune majorité n’est possible sans les votes de la PPE au Parlement européen.

Pour tenter de faire avancer les négociations, la France pourrait, à son tour, demander la présidence de la BCE. Plusieurs candidates sont citées. C'est le cas de Danièle Nouy, présidente du conseil de supervision au sein de la Banque centrale européenne et de Sylvie Goulard, sous-gouverneure de la Banque de France.

Julie COHEN-HEURTON