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La Suisse reste inflexible sur le secret bancaire

Pour Ueli Maurer, le secret bancaire est de même nature que le secret médical, il tient de la sphère privée.

Pour Ueli Maurer, le secret bancaire est de même nature que le secret médical, il tient de la sphère privée. - -

Pour le président de la Confédération helvétique Ueli Maurer, le secret bancaire est une valeur essentielle sur laquelle il n'est pas question de revenir. Il estime que la Suisse a déjà assez fait pour lutter contre l'évasion fiscale.

Berne refuse de revenir sur le principe du secret bancaire. Le président de la Confédération helvétique Ueli Maurer explique, dans une interview au journal suisse Matin Dimanche, publiée ce 14 avril, que le pays n'a aucune raison de changer de stratégie fiscale. Selon lui le secret bancaire est une valeur au même titre que "le secret médical". De ce fait "l’Etat doit absolument respecter la sphère privée ". Et d'ajouter "Le système doit d’abord garantir la liberté aux citoyens. Qu’il y ait des failles est le prix à payer pour cette liberté."

Ueli Maurer n'est donc pas prêt de céder à la pression exercée par l'Union européenne, qui va d'ailleurs tenir un sommet contre l'évasion fiscale le 22 mai prochain.

Il n'entend pas ainsi emboîter le pas au Luxembourg, qui a annoncé qu'il renonçait au secret bancaire à partir de 2015, et à l'Autriche et au Luxembourg qui sont sur le point de céder. Il a ainsi mis un point d'honneur à rappeler que son pays n'est pas"membre de l’Union européenne, nous répondons au standard de l’OCDE. Il n’y a aucune raison de changer de stratégie maintenant."

Seule une demande des Suisses pourrait le faire fléchir

Le président de la Confédération helvétique estime que la Suisse a déjà fait des concessions pour régulariser les transactions bancaires. Il rappelle ainsi l'accord FATCA signé avec les Etats-Unis, qui aboutit à la levée du secret bancaire pour les clients américains des banques suisses.

Il ajoute aussi que "le secret bancaire n'a plus autant d'importance qu'il y a deux ou trois ans". "La force de la place financière tient aussi à la stabilité politique de la Suisse, à sa fiabilité et à sa crédibilité", explique-t-il.

En tout cas, une seule chose pourrait faire faire bouger Ueli Maurer de sa position : la pression de ces concitoyens.

Les propos du président de la confédération qui se révèlent beaucoup plus fermes que ceux de la ministre suisse des finances Eveline Widmer-Schlumpf, dans le journal Le Temps de ce 14 avril. Elle indique que plusieurs modèles peuvent coexister pour lutter contre l'évasion fiscale.

Elle y explique que la Suisse va "poursuivre sa stratégie de l'argent propre lancée en décembre dernier". Celle-ci oblige les banques suisses à n'accepter à l'avenir que des fonds déclarés, et à faire pression sur leurs clients pour régulariser les fonds déjà déposés. En échange, l'identité du client n'est pas révélée.

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Coralie Cathelinais