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SUV : un record mondial et un marché qui se tasse

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- - JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Malgré un nouveau record absolu de ventes dans le monde, le marché du SUV montre des signes de tassement, révélateurs d'une évolution de la demande.

Un marché toujours vigoureux, mais qui reprend son souffle. Les SUV ne se sont jamais autant vendus dans le monde qu'en 2018, avec 28,9 millions de véhicules écoulés toutes marques confondues. Leur part de marché dans le monde automobile n'aura, elle aussi, jamais été aussi importante : 36,4% (données du cabinet de recherche automobile JATO Dynamics).

Mais les chiffres sont explicites : le marché subit une forme de plafonnement, avec une croissance qui se tasse d'année en année. Après 4,1% de croissance en 2015, 3,3% en 2016, 3% en 2017, 2018 se solde par 2,6% de hausse des ventes. Preuve qu'on arrive à une maturité du segment, avec des parts de marché qui deviennent homogènes sur beaucoup de zones géographiques, après une croissance fulgurante de 79% ces 5 dernières années.

L'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi en leader

A tout seigneur tout honneur, c'est au premier constructeur automobile mondial d'être aussi le premier producteur de ce type d'engin, à savoir Renault Nissan Mitsubishi. Avec des modèles célèbres comme les Renault Captur et Kadjar, Nissan Qashqai et Rogue ou le Mitsubishi Outlander, l'alliance totalise 4,3 millions de ventes sur ce segment en 2018, une croissance de 7,2%.

Le SUV le plus vendu au monde, en revanche, est pour la 2ème année consécutive, le Toyota RAV4, écoulé à 830.000 exemplaires, des ventes en hausse de 3,7% sur un an. Derrière, en 2ème position, on retrouve le Volkswagen Tiguan (+8,4% à 790.000 unités), le Honda CR-V est en 3ème position à 741.000 exemplaires, accusant un recul sur un an de 2,3%.

Redistribution du marché

Le marché du SUV a beau arriver sans doute à maturité, et montrer des signes de plafonnement, il n'en reste pas moins en croissance. Et c'est sans doute également le signe d'une évolution de la demande en la matière, en fonction des nouvelles tendances en matière d'automobile.

Avec le durcissement des réglementations anti-pollution, notamment en Europe, les nouvelles normes d'émission WLTP et la chute du diesel, le marché est devenu bien moins favorable aux gros SUV de type 4x4, comme les Range Rover ou gros modèles Jeep. De plus, à mesure que les normes réglementaires se durcissent (comme les normes Euro 6 puis 7), ce type de SUV, par leur taille et leur poids, seront de plus en plus désavantagés, puisqu'ils sont bien peu aérodynamiques, consomment plus, avec des moteurs soit diesel soit de très forte cylindrée.

Le segment B : l'enjeu numéro un

La demande du grand public se réoriente donc, en faveur notamment des SUV de taille moyenne. La meilleure illustration est le succès très impressionnant du Peugeot 3008, qui après seulement 2 ans et demi d'existence, est la 3ème voiture la plus vendue en France, écoulée à 550.000 exemplaires au total.

Ce sont des modèles à fortes marges, car souvent élaborés sur des plateformes servant à fabriquer également des berlines ou compactes de la même catégorie, avec des moteurs communs. Par ailleurs, d'un point de vue technique, le format SUV convient parfaitement à la mise en place de batteries pour les architectures hybrides et 100% électriques.

C'est pourquoi les modèles se multiplient sur le segment B des SUV, avec la DS3 Crossback chez PSA ou le futur SUV Opel qui sera produit à partir de l'année prochaine. Une bataille très disputée se déroulera sur ce segment, face aux Volkswagen T-Roc, Toyota HR-V ou Audi Q3. Un véritable gisement de croissance pour beaucoup de constructeurs, qui alimentera la poursuite de la dynamique de ce marché du SUV ces prochaines années, mais sur des bases plus raisonnées et plus sélectives.