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Taux d’intérêt en Europe : la grande angoisse (?)

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Chaque fois qu’un gouvernement semble vouloir remettre en cause le fonctionnement de la zone euro, la dispersion des taux d'intérêt réapparaît, faisant grimper ceux des pays récalcitrants comme l’Italie actuelle.

En 2007, en zone euro, les taux d’intérêt sur la dette publique à 10 ans allaient de 4,5% en Allemagne à … 4,7% en Grèce ! L’écart entre les deux pays se justifiait non par un risque plus grand de défaut de la Grèce mais par un risque d’erreur de son administration financière dans le suivi des emprunts émis. La terrible nouvelle de 2009 aura été que la Banque centrale européenne, alors même que les banques centrales ont été créées pour servir de prêteur en dernier ressort, ne rachèterait pas automatiquement la dette grecque aux banques qui voudraient s’en défaire.

D’où un débat confus sur ce que la banque centrale pouvait racheter comme dette, ce que les autres pays européens pouvaient fournir comme ressource à la Grèce, sur les relations entre les membres de la zone euro et leur banque centrale.

Malgré l’annonce du 26 juillet 2012 de Mario Draghi sur le fait que la BCE ferait tout pour sauver l’euro, malgré des rachats massifs de dette publique dans le cadre de la politique de « Quantitative easing » qui ont conduit la BCE à en détenir 2 000 milliards d'euros, le doute subsiste sur les conditions de ces rachats et, par-delà, sur la volonté effective des membres de la zone euro d’en assurer la pérennité.

Résultats, chaque fois qu’un gouvernement semble vouloir remettre en cause le fonctionnement de la zone, la dispersion des taux réapparaît, faisant grimper ceux des pays récalcitrants comme l’Italie actuelle, ceux des pays qui entretiennent la confusion sur leur politique économique comme le Portugal, ainsi que ceux des bons élèves fragiles comme la Grèce qui, depuis 2015, respecte toutes les conditions qu’on lui impose.

Alors que ce pays dégage désormais des excédents budgétaires, son taux à 10 ans vient de remonter au-dessus de 5%. En 2015, comme faisant son autocritique, Alexis Tsipras affirmait que ce dont souffrait le plus son pays et, par-delà, la zone euro, c’était l’incertitude. Aujourd’hui, ce qui menace l’euro, c’est l’attitude erratique des dirigeants politiques.

Pour que l’engagement de la BCE du 26 juillet 2012 soit pleinement efficace, deux pays doivent clarifier leur politique budgétaire : la France, qui doit enfin engager la baisse de ses dépenses publiques, et ce d’au moins 15 milliards d'euros afin d’afficher un « effort structurel » conforme aux traités ; l’Italie, dont les rodomontades tous azimuts l’éloignent non seulement de Bruxelles et de Francfort, mais aussi de la Rome où fut signé le traité de 1957.