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Taxe sur les dépôts bancaires: Chypre revoit sa copie

Les bureaux de la Banque nationale chypriote à Nicosie le 18 mars 2013.

Les bureaux de la Banque nationale chypriote à Nicosie le 18 mars 2013. - -

Nicosie devrait présenter, ce mardi 18 mars, à son Parlement un projet amendé de taxe sur les comptes détenus auprès de ses banques. Ceux qui disposent de moins de 20.000 euros seraient totalement exonérés.

Nicosie est face à un casse-tête. D’un côté, taxer les comptes bancaires lui permet de ponctionner tous les étrangers qui profitent de son généreux système fiscal. De l’autre, ce prélèvement pénalise la population chypriote peu aisée, très en colère depuis l’annonce de cette mesure ce week-end.

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Les autorités de Chypre réfléchiraient, ce mardi 18 mars, à une nouvelle formule dans le cadre du plan de renflouement de 10 milliards d’euros par l’Union européenne. Au lieu de ne faire aucune exception, comme initialement prévu, il serait question d’en exclure les dépôts inférieurs à 20.000 euros. Elles présenteraient le texte ainsi amendé au Parlement ce mardi.

Les partenaires européens de Chypre se disent ouverts à des aménagements. Les ministres des Finances de la zone euro, qui ont conclu ce plan avec le président chypriote, soutiennent unanimement une exonération totale des dépôts bancaires en deçà de 100.000 euros, a fait savoir Pierre Moscovici ce mardi 18 mars.

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La directrice générale du FMI s’est également prononcée pour une taxation "plus progressive" des dépôts bancaires. Mais le gouvernement chypriote "doit à présent mettre en œuvre ses engagements", a déclaré ce mardi Christine Lagarde.

Les créanciers du pays maintiennent, en effet, comme condition sine qua none à l’octroi de l’aide internationale un apport de 5,8 milliards d’euros par Chypre.

Pour récolter le même montant en réduisant l’assiette, l’Île devrait alors augmenter le taux de prélèvement sur les comptes les mieux dotés. Donc ceux des riches investisseurs étrangers pour qui Chypre est un paradis fiscal. En particulier les Russes, qui disposeraient de 45% des dépôts bancaires dans le pays.

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Ce sont plusieurs milliards d’euros qui sont en jeu. Selon Moody’s, les banques et entreprises russes ont placé plus de trente milliards d’euros à Chypre. Le risque, dès lors, est de braquer complètement Moscou, qui s’insurgeait déjà lundi de la possibilité de taxer les avoirs de ses ressortissants dans le pays. Et ce, le jour où le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, se rend en Russie pour y négocier ses créances...

Le titre de l'encadré ici

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Pierre Moscovici veut protéger les dépôts en-deçà de 100.000 euros

Au cœur de la polémique, le ministre français de l'Economie assure, mardi 18 mars, que l’idée de taxer à partir du premier euro vient du président chypriote. De son côté, il affirme qu’il était contre, craignant que les déposants aient le sentiment qu'un "tabou avait été sinon levé, du moins attaqué". Pierre Moscovici a parlé de "divergences autour de la table" au moment de conclure l’accord vendredi dernier.

Vu le tollé suscité, les ministres des Finances de la zone euro ont dû rouvrir le chantier lundi, et demander à Nicosie de ne plus taxer les déposants en dessous de 100.000 euros, le seuil en-dessous duquel les dépôts bancaires sont garantis dans la zone euro. Selon le ministre, "la taxe a été comprise comme une remise en cause de ce principe".

Nina Godart (texte) et Grégoire Sauvage (video)