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Theresa May appelle les Tories à se rassembler

Theresa May esquisse quelques pas de danse avant son discours, ce mercredi, devant les Conservateurs réunis à Birmingham.

Theresa May esquisse quelques pas de danse avant son discours, ce mercredi, devant les Conservateurs réunis à Birmingham. - OLI SCARFF / AFP

Dans son discours devant les conservateurs réunis en congrès, Theresa May a lancé un appel à l'unité, a défendu sa vision du Brexit et promis la fin de l'austérité.

C'est au son de Dancing Queen, le tube d'Abba que Theresa May est arrivée sur scène. La Première ministre a manié l'autodérision à plusieurs reprises, pour éloigner les fantômes de son discours de l'an dernier, au cours duquel, elle avait perdu sa voix. Voilà pour la forme. Sur le fond, son discours était un appel à l'unité des conservateurs, qui se déchirent sur la stratégie à adopter pour sortir de l'Union européenne. « Nous abordons la partie la plus difficile des négociations (...) Ce que nous proposons, c'est un grand défi pour l'UE. Mais si nous restons unis et si nous gardons notre sang-froid, je sais que nous aurons un accord profitable pour la Grande-Bretagne ».

Une troisième voie pour le Brexit

Sans le nommer une seule fois, Theresa May a défendu son plan dit de « Chequers » qui prévoit de conserver des liens étroits avec l'Union européenne en maintenant des règles communes sur les produits industriels et agricoles. Un plan honni par la frange eurosceptique de son parti, emmenée par Boris Johnson, qui réclame elle une rupture nette avec l'UE. Ces europhobes proposent un accord de libre échange similaire à celui signé entre l'UE et le Canada et s'accommoderaient même d'une absence d'accord.

Outre le Brexit, Theresa May a aussi promis la fin de l'austérité : pas de plan de relance mais la fin des coupes au moins à partir de l'année prochaine. « Dix ans après le crash financier (de 2008), les gens ont besoin de savoir que l'austérité à laquelle il a conduit est terminée, et que leur dur labeur a porté ses fruits », a-t-elle dit, promettant des investissements dans les services publics, un plan pour améliorer le dépistage du cancer, et des mesures pour doper la construction de logements neufs. La cheffe du gouvernement britannique s'est montré optimiste : « nous avons tout pour réussir (...) et l'avenir est plein de promesses ».

Le plus dur reste à venir

Malgré la standing ovation qui a salué son discours, chacun sait que le plus dur est à venir : elle doit maintenant arracher un accord avec Bruxelles. « Personne ne souhaite un bon accord plus que moi, mais cela ne signifie pas un accord à tout prix (...) La Grande-Bretagne n'a pas peur de quitter l'UE sans accord » a-t-elle martelé, bravache, « même si ce serait un mauvais résultat pour le Royaume-Uni », a-t-elle admis aussitôt. 

Theresa May a annoncé vouloir soumettre bientôt une nouvelle proposition à Bruxelles sur la question de la frontière irlandaise, principale source de blocage des négociations sur le Brexit. Mais la Première ministre devra tenir compte de son allié, le parti nord-irlandais DUP, dont sa majorité dépend au Parlement. « Il ne peut pas y avoir de différentiel réglementaire entre l'Irlande du nord et le reste du Royaume-Uni ». « C'est une ligne rouge, et elle est rouge écarlate », a prévenu la cheffe du DUP, Arlene Foster ce mercredi sur la BBC.
Outre le soutien du DUP, Theresa May devra aussi obtenir le soutien des députés tories, dont certains rêvent de la renverser depuis les dernières législatives. Elle n'est pas au bout de ses peines.

Delphine LIOU, avec AFP et Reuters