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Theresa May : une décision explosive

La Première ministre britannique Theresa May

La Première ministre britannique Theresa May - TOLGA AKMEN / AFP

En choisissant de tendre la main aux Travaillistes en vue de conclure un accord transpartisan sur le Brexit, la Première ministre britannique prend le risque de faire exploser le parti conservateur.

La rencontre a duré deux heures. Theresa May et le chef de file de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn se sont retrouvés mercredi pour tenter de sortir de l'impasse du Brexit. Les discussions, qualifiées de "constructives", doivent se prolonger dans la soirée et de nouveaux entretiens "techniques" doivent se tenir jeudi.

Dans une extraordinaire volte-face, la Première ministre a décidé mardi soir d’entamer des négociations avec le Labour en vue de parvenir à un accord susceptible de rassembler une majorité à la Chambre des Communes.

« Une erreur grave »

Le retour de bâton ne s'est pas fait attendre. Deux membres du gouvernement, (le secrétaire d’État en charge du Pays de Galles Nigel Adams et un secrétaire d'Etat rattaché au ministère du Brexit) ont démissionné ce mercredi. Nigel Adams qualifie la main tendue au Labour d' « erreur grave ». « Il est clair qu’on va finir dans une union douanière. Ce n’est pas le Brexit promis à mes administrés » explique-t-il dans sa lettre de démission.

Le Labour prône en effet le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière et le respect des normes sociales et environnementales du marché unique. Rester dans l'union douanière empêcherait Londres de négocier en solo des accords commerciaux avec le reste du monde, l’une des promesses phares des Brexiters.

La décision de Theresa May est donc interprétée comme un renoncement au « hard Brexit » et à un assouplissement de sa position vers une possible sortie en douceur de l’UE. 

Les Brexiters furieux

Les partisans d’un divorce radical avec l’UE sont furieux, à l'instar de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson : « Il est très décevant que le gouvernement ait décidé de confier la gestion finale du Brexit au Labour et à Jeremy Corbyn », a protesté l’ancien maire de Londres qui accuse Theresa May de déléguer « à Bruxelles » la politique de commerce extérieur britannique. La cheffe du gouvernement « tente d’annuler le Brexit en pactisant avec des socialistes », a renchérit le chef de file des députés europhobes, Jacob Rees-Mogg.

Les Tories menacés d’éclatement

Le parti conservateur est aujourd’hui menacé d’éclatement. Les Brexiters pourraient se liguer contre Theresa May et lancer une motion de défiance à son encontre à la Chambre des Communes.

Par ailleurs, rien ne dit que la stratégie de Theresa May va porter ses fruits : jusqu’où ira Jeremy Corbyn, qui rêve de la renverser et de prendre le pouvoir ? En cas d'échec des discussions, la Première ministre a promis ce mardi de soumettre au vote du Parlement « un certain nombre d'options afin de déterminer la voie à suivre ».