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Thierry Breton: "annuler la dette grecque serait une erreur"

Thierry Breton était l'invité de BFM Business ce lundi 2 janvier

Thierry Breton était l'invité de BFM Business ce lundi 2 janvier - BFM Business

L'ancien ministre de l'Economie et PDG d'Atos, invité ce lundi 2 février sur BFM Business, juge que la troïka a été beaucoup trop violente et dure avec la Grèce, l'Europe lui ayant laissé "faire le sale boulot".

Les négociations autour de la dette grecque battent leur plein. Dimanche, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a commencé une tournée européenne pour convaincre les créanciers européens de redonner de l'oxygène aux finances publiques de son pays.

Mathieu Pigasse, le directeur général de la banque Lazard, avait préconisé vendredi de renoncer à 100 milliards d'euros de dettes, sur les 320 milliards que comptabilise le pays hellénique. Une mesure qui n'a pas dû déplaire à l'exécutif grec, qui, samedi, a justement désigné Lazard comme banque conseil sur sa dette.

Cette idée n'a, en revanche, pas les faveurs de Thierry Breton, invité de BFM Business, ce lundi 2 janvier. L'ancien ministre de l'Economie et actuel PDG d'Atos s'est clairement opposé à cette solution.

"On va trouver une solution, on va certainement allonger la durée de la maturité de la dette grecque, peut-être même de plusieurs décennies, pour éviter que la Grèce ne paie pendant un certain nombre d'années les intérêts qu'ils nous doivent, mais certainement pas annuler la dette grecque", assure-t-il.

Le "regard moins angélique" des Français

"Ce serait une erreur que d'annuler la dette grecque", a-t-il insisté. Et, selon lui, une telle mesure n'aurait de toute façon pas le soutien des contribuables de toute l'Europe. "Il est clair qu'il y a quelques chose qui choque les Européens. Ils ont compris qu'ils détiennent eux-mêmes une partie de la dette grecque. Si jamais on annulait 40 milliards d'euros que la France a prêté à la Grèce, ce serait dans le portefeuille des Français qu'on irait les chercher", a-t-il rappelé. Au final, les Français ont "une appréciation moins angélique" de cet enjeu, considère-t-il.

Et comme le souligne Thierry Breton "l'horloge tourne assez vite". "La Grèce doit 22 milliards d'euros cette année, et, d'ici le mois de mars, devra payer 2 milliards d'euros. Si aucune solution n'est trouvée d'ici mars, il y aura cessation de paiement", rappelle-t-il.

Pour autant, Thierry Breton juge qu'il "faut être ferme [avec la Grèce, ndlr] mais il faut le faire en respectant l'environnement social dans lequel on est. C'est vrai qu'on est allé trop loin avec la Grèce, que la troïka a été beaucoup trop violente et dure", a concédé Thierry Breton, jugeant néanmoins que "l'Europe s'est déchargée derrière la troïka pour faire le sale boulot". Mais "que le gouvernement grec ne s'y trompe pas: il a des réformes à faire", a prévenu l'ancien ministre de l'Economie. Thierry Breton a néanmoins terminé sur une note rassurante: "on trouvera des solutions, il n'y a aucun risque pour la zone euro (sur la Grèce, ndlr)".

J.M.