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Titan, les Etats-Unis, la Chine et la guerre du pneu

Dans la liste des contentieux que doit traiter l'Organisation mondiale du commerce, la guerre du pneu entre la Chine et les Etats-Unis fait partie des priorités

Dans la liste des contentieux que doit traiter l'Organisation mondiale du commerce, la guerre du pneu entre la Chine et les Etats-Unis fait partie des priorités - -

La passe d’arme entre le patron de Titan et le ministre du Redressement productif révèle en creux le problème des subventions qui biaisent la concurrence dans le secteur des pneumatiques.

L’affaire Taylor-Montebourg continue de faire parler d'elle. Le patron du groupe américain Titan et le ministre du Redressement productif se sont affrontés par courriers interposés, mercredi 20 février. Dans l’une de ces missives, rendues publiques, Morry Taylor dénonce les aides de Pékin aux industriels chinois du pneu

Devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce dossier est placé très haut dans la pile des différends commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine. L'administration américaine considère que les fabricants chinois de pneus perçoivent des subventions allant de 10,9 à 30,7 % de leur prix de revient.

L'Economic policy institute a estimé à plus de 27 milliards de dollars, en aides directes et surtout indirectes, le soutien public chinois à tous ses équipementiers.

Washington a imposé des droits antidumpings et des droits compensateurs. Le Peterson institute a évalué à près de 1 200 les emplois sauvegardés aux Etats-Unis grâce à ces mesures. Mais pour un coût de plus de 1 milliard de dollars pour le contribuable américain.

Le grizzly ne craint pas le paradoxe

Pékin a contre-attaqué devant l'OMC dès 2008. Le Quotidien du peuple, l'organe du parti, évoque alors un précédent "mauvais et dangereux". "Une décision de Barack Obama pour une raison politique", dénonce le journal. La Chine a également riposté en restreignant les importations de volailles en provenance des USA.

Dans sa lettre, le PDG de Titan n'a pas l'air de faire grand cas des éléments de ce conflit. Maurice Taylor déplore d'avoir déboursé des millions de dollars en frais d'avocat pour rien. Mais celui qu’on surnomme "le grizzly" ne craint pas le paradoxe.

Par courrier, il affirme d'un côté que le gouvernement chinois subventionne à tour de bras ses producteurs de pneus. Et deux lignes plus loin, il explique que la France va perdre les siens parce que "son gouvernement appelle plus de gouvernement".

Si l'on comprend bien Morry Taylor, il n'y a qu'une seule version du soutien gouvernemental qui vaille : c'est celle de la Chine !

Benaouda Abdeddaïm et BFMbusiness.com