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Economie et Social

UE : Couples européens en souffrance

Angela Merkel et Emmanuel Macron au Conseil européen de Bruxelles, le 20 juin 2019

Angela Merkel et Emmanuel Macron au Conseil européen de Bruxelles, le 20 juin 2019 - AFP - Kenzo Tribouillard

Dès que l’on parle de construction européenne, on en présente rituellement le « couple franco-allemand » comme l’élément moteur. Est-ce encore pertinent ?

De fait, les relations entre les deux pays se dégradent. L’Allemagne, où la période « Merkel » se termine, a du mal à affirmer un leadership politique qui serait le pendant de sa force économique. Elle a également du mal à trouver un soutien à Paris, où, de concessions précipitées aux « gilets jaunes » en discours provocateur d’Aix la Chapelle sur le « fétichisme des excédents », on fait systématiquement fi des traités.

On peut relativiser ces difficultés en constatant que les relations au sein du couple n’ont pas toujours été au beau fixe : le général de Gaulle méprisait Ludwig Erhard tandis que Georges Pompidou ne cachait pas son aversion pour Willy Brandt.

Mais tout le monde à Bruxelles considérait jusqu’à une époque récente qu’une fois un accord entre les deux pays trouvé, celui s’imposait, moyennant des adaptations à la marge, à l’ensemble de l’Union. Or, de retour du G20 au Japon où ils s’étaient mis d’accord sur le nom du futur président de la Commission européenne (la presse ayant donné à cet accord le nom de «sushi deal » …), les Français et les Allemands ont dû admettre l’impossibilité de rendre effective leur volonté.

A la peine

Le couple politique franco-allemand n’est pas le seul à la peine. Le couple idéologique constitué par les conservateurs modérés et les socialistes de gouvernement assurait une légitimité historique à l’Union et lui fournissait ses cadres dirigeants. Il est désormais en minorité, ce qui conduit chacune de ses composantes à se replier sur elle-même et à chercher dans une forme de raidissement doctrinal un remède à son déclin électoral.

Enfin, existait un couple économique franco-italien, qui proposait plus de souplesse dans la conduite de la politique monétaire. Ce couple avait obtenu d’indéniables succès au moment de la crise grecque en faisant en sorte que la BCE puisse amorcer sa politique de « quantitative easing » et de défense inconditionnelle de l’euro.

Ce couple n’a plus de légitimité suffisante pour jouer un rôle. Empêtrée dans ses difficultés budgétaires, l’Italie s’enfonce sur le plan économique, devenant la seule des grandes économies où la productivité non seulement stagne, mais recule. Quant à la France, son chômage persistant et son déficit public structurel installé durablement à 2% du PIB en font un contre-modèle.

La main passe… Sont désormais en première ligne Donald Tusk, le président polonais du Conseil européen, et la Finlande, en tant que pays présidant le Conseil de l’Union européenne. Ainsi, les « petits » pays vont devoir s’affirmer pour palier à l’effacement des « grands ». Résultat, un président de la commission belge ou croate serait une bonne nouvelle.