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Un "non" au scrutin italien relancerait les incertitudes en zone euro

Matteo Renzi.

Matteo Renzi. - ANDREAS SOLARO / AFP

Les observateurs auront les yeux braqués vers le référendum italien dimanche. En cas de victoire du "non", des doutes sur la soutenabilité de sa dette et de son système bancaire pourraient apparaître.

Ce dimanche 4 décembre pourrait marquer un véritable virage populiste en Europe. Car, après la victoire du Brexit en juin dernier, c’est au tour des électeurs italiens et autrichiens de faire trembler l’Union européenne ce week-end. "Ce même jour, on pourrait avoir non pas un choc politique en Europe, mais deux", souligne d’ailleurs l’analyste financier Oddo. Si la possible élection de Norbert Hofer, issu du parti d’extrême droite (FPÖ), à la présidence de l'Autriche pourrait donner des sueurs froides à Bruxelles, les observateurs auront surtout le regard tourné vers le référendum italien sur la réforme constitutionnelle. Car, en cas de victoire du non, cela pourrait sceller le départ du Premier ministre Matteo Renzi, mais également relancer les incertitudes en zone euro.

Les récents sondages et les derniers événements politiques (Brexit, élection de Donald Trump) donnent clairement du poids à cette hypothèse. Et puis, "un pays qui a porté Berlusconi au pouvoir trois fois, pour neuf ans au total, peut certainement voter pour n’importe quoi ou n’importe qui", résumait Oddo dans sa note. Même si le référendum est "un événement un peu plus compliqué dans ses implications que les relations du type 'oui égal soulagement' et 'non égal panique', (...) il est évident que l’incertitude politique associée à un échec de Renzi n’est pas de nature à aider l’économie", écrit le cabinet d'analystes.

Un pays mal en point sur le plan économique

Et à bien des égards, l’Italie ressemble désormais à une cocotte-minute prête à exploser. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder dans quel état se trouve le pays sur le plan économique. Avec un taux d’endettement public avoisinant les 133% du PIB, l’Italie occupe une peu reluisante deuxième place au classement des États les plus endettés de l’Union juste derrière la Grèce.

Cette dette étant détenue pour plus de moitié par les institutions bancaires du pays, cela crée "un fort lien d’interaction entre risque souverain et risque bancaire", souligne Oddo. Et que dire du chômage qui, malgré une légère baisse en 2015 (-254.000 chômeurs), flirte toujours avec la barre des 12%, celui des jeunes (15-24 ans) dépassant les 40%!

Risque sur la soutenabilité de la dette

S'il est encore difficile d'analyser les possibles conséquences d'un non dimanche soir, cette situation pourrait tout de même conduire à un gel de l'agenda des réformes, au report (voire à l'annulation) des projets de recapitalisation de Monte dei Paschi di Siena et à un renchérissement du coût de la dette. Et l'enjeu sur ce dernier point est très important.

"Pour 2017, la Commission attend une hausse du PIB nominal de 1,8% tandis que le taux souverain à sept ans (la maturité moyenne de la dette) est remonté dernièrement (il y a deux semaines: NDLR) vers 1,5%, en hausse de 90 points de base en deux mois. Si le rythme de croissance devait repasser sous le coût de financement, la question de la solvabilité pourrait être à nouveau au cœur du problème italien", prédisent les analystes d'Oddo.

Toutefois la victoire du "non" n'aurait pas les mêmes conséquences que celle des euro-sceptiques britanniques. "Le 'non' à Renzi est en fait le scénario du statu quo institutionnel, ce n’est pas un saut dans l’inconnu comme l’ont choisi les Britanniques".