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Pour une Europe de l’énergie

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Les Français et les Allemands se retrouvent aujourd’hui pour un sommet. Dans l’ordre du jour, il y a le problème énergétique. A ce sujet, les points de vue des deux pays sont assez significativement divergents.

Parmi les sujets qui pourraient rapprocher les Français et les Allemands, il y a la transition énergétique.

C’est de fait un dossier qui pourrait relancer à la fois la dynamique du couple franco-allemand et la dynamique européenne parce que l’énergie fait normalement partie des priorités de l’Union.

Elle a même adopté dans le cadre de ce que l’on appelle "l’agenda 2020" qui est supposé remplacer la "stratégie de Lisbonne" 3 objectifs :1) Réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % (voire de 30 %, si les conditions le permettent) par rapport à 1990. 2) Utilisation d'énergie provenant de sources renouvelables à hauteur de 20 %. 3) Augmentation de 20 % de l’efficacité énergétique.

Ceci étant dit, on constate que les divergences s’accumulent. Les Allemands accusent les Français de manquer de sincérité dans leur volonté de réduire la part du nucléaire dans leur production. Ils montrent du doigt la vente récente de deux EPR aux Britanniques qui ne cachent pas, eux, leur attachement à cette forme d’énergie. Ils nous trouvent également ambigus dans nos discours sur les gaz de schiste, les Polonais insistant pour que l’Europe assume rapidement la mise en exploitation de ses ressources.

De leur côté, les Français accusent les Allemands de maintenir une abondante production d’électricité à base de charbon, qui dégage énormément de gaz carbonique. L’Allemagne produit près de 200 millions de tonnes de charbon par an, soit 3% de la production mondiale et 35% de la production de l’Union européenne. A titre de comparaison, le Royaume-Uni qui fut le pays symbole du charbon au XIXe siècle n’en produit plus que 18 millions de tonnes.

Quant au renouvelable, essentiellement l’éolien, l’Allemagne connaît des périodes de surproduction d’électricité qui déstabilisent les réseaux électriques européens.

Comment dès lors faire évoluer la situation ?

Deux paramètres vont jouer.

L’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis est en train de faire baisser le prix de l’énergie. En effet, les Etats-Unis exportent leur charbon si bien que le prix de la tonne de charbon est passé de 135 $ en mai 2012 à 87 $ aujourd’hui. Pour l’instant, le prix du pétrole reste stable, mais on peut penser qu’il va lui-même baisser, si bien que le problème sera de plus en plus un problème d’environnement et de moins en moins un problème de coût.

Ensuite, l’Europe prévoit la libéralisation de l’énergie. Or, créer une instance franco-allemande suppose qu’on la positionne par rapport aux autres opérateurs avec ce que cela suppose de confusion possible.

Jean-Marc Daniel