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Une femme à la tête de la FED ?

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Les Coulisses de l'Economie - La banque centrale américaine, la FED, est au centre de l’actualité parce qu’une femme pourrait être nommée à sa tête en fin janvier et parce qu’on annonce un changement de sa politique monétaire.

Les Etats-Unis représentent encore un quart de l’économie mondiale et leur monnaie est la référence monétaire internationale. Nous ne pouvons pas dès lors nous désintéresser de ce qui se passe à la FED. Mais en France, la politique monétaire américaine est souvent montrée du doigt pour servir d’excuses à nos difficultés et dégager la responsabilité de nos dirigeants.

La FED, c'est-à-dire la banque centrale américaine est au cœur de l

Ses dirigeants se réunissent aujourd’hui et demain pour définir la stratégie monétaire américaine. Compte tenu du poids de l’économie américaine qui représente 25% de l’économie mondiale et du poids du dollar qui est la monnaie dé référence du commerce mondial et notamment de facturation du pétrole, tout ce qui se passe à Washington a un impact sur nous et sur le monde. Récemment, au G20, les pays émergents ont mis leurs difficultés sur le compte de la politique monétaire américaine et en France, on commence dans les milieux dirigeants à s’inquiéter de ce que pourrait faire M. Ben Bernanke, le président.

Que pourrait-il faire ?

Durcir sa politique monétaire. Concrètement, cela signifie deux choses : arrêter ce que l’on appelle la « planche à billets » c'est-à-dire limiter la quantité de dollars qu’il met à disposition des banques américaines. Et d’autre part augmenter les taux d’intérêt. En pratique, si la FED durcit sa politique les taux d’intérêt vont monter dans le monde entier, et en particulier en France. Dans ce genre de situation il y aura des perdants, ceux qui ont besoin d’emprunter comme les ménages qui veulent acheter un appartement mais surtout l’Etat ; mais il y a aussi des gagnants qui sont les épargnants qui, il faut bien le dire, ne sont pas à la fête depuis 2009. Une remontée des taux d’intérêt est souvent présentée comme pénalisante pour l’économie, mais c’est prendre le seul point de vue des emprunteurs. Les épargnants sont trop souvent oubliés.

Que doivent faire nos dirigeants ?

Ils auraient dû anticiper cette situation et réduire plus vite le déficit budgétaire puisque ce déficit se traduit par des emprunts. En 2013, l’Etat aura emprunté 165 Mds €, ce qui le rend très vulnérable à la hausse des taux d’intérêt. Ne nous y trompons pas, cette hausse a déjà commencé et les décisions de la FED vont probablement accélérer le mouvement. Nos dirigeants auront alors beau jeu d’accuser les Américains de ne pas leur faciliter la tâche dans le redressement des finances en augmentant les taux d’intérêt et donc in fine la masse d’intérêts à verser.
Toutefois, il faut remarquer que l’on a tellement pris l’habitude de dénoncer les Américains que le discours automatique sur leur politique monétaire ne passionne plus les commentateurs. On se passionne plus pour la succession de Ben Bernanke d’autant plus que pour la première fois, une femme pourrait obtenir le poste de président de la FED. Ce choix, s’il se confirme, sera salué comme une bonne nouvelle sur la voie de la parité. Mais certains déchanteront car Mme Yellen a clairement dit qu’elle souhaitait si elle accédait à ce poste augmenter significativement les taux d’intérêts.

Jean-Marc Daniel