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Une sortie de la Grèce de l'euro coûterait cher à la France

En cas de sortie de la Grèce de la zone euro, la France pourrait perdre plus de 65 milliards d'euros.

En cas de sortie de la Grèce de la zone euro, la France pourrait perdre plus de 65 milliards d'euros. - -

En cas de sortie de la Grèce de la zone euro, la France pourrait devoir renoncer à plus de 60 milliards d’euros. Alors que l’hypothèse paraît de plus en plus probable, une étude parue le 15 mai fait les comptes.

La Grèce retourne à la case "élections". Les négociations pour former un gouvernement à l’issue des législatives n’ont pas abouti et le spectre d’une sortie de la Grèce de la zone euro réapparaît. Si un tel scénario se produisait, il en coûterait cher à la France: près de 70 milliards d’euros.

66,4 milliards précisément selon l’IESEG, l’école de management qui a publié son rapport sur le sujet le 15 mai. L’étude prend comme base de calcul une dévaluation de 50% de la nouvelle monnaie nationale grecque par rapport à l’euro. Et considère que le retour à la drachme provoquerait un défaut d’Athènes sur ses dettes libellées en euro. Tous les pays membres de la zone euro devraient ainsi enterrer certaines créances, la France et l’Allemagne en tête.

La France et l'Allemagne premiers contributeurs de la BCE et du FESF

Pourquoi un coût plus important pour l’Etat français que pour les autres pays membres, hors Allemagne? Tout simplement parce que Paris possède la deuxième part la plus importante au capital de la Banque centrale européenne (BCE), et que notre pays est le deuxième plus gros contributeur du Fonds européen de stabilité financière (FESF), derrière Berlin.

La Grèce doit 100 milliards de dollars à la BCE en contrepartie de l’aide accordée par celle-ci. L'institution pourrait donc n’être remboursée que de la moitié de cette somme. Or, les pertes de la BCE sont répercutées sur les banques centrales des pays membres de la zone euro, qui devraient la recapitaliser.

Ainsi pour la Banque de France, "et donc pour l’Etat français" (comme le précise l'étude) qui devrait lui-même remettre des fonds dans sa banque centrale, la charge s’élèverait à plus de 20 milliards d’euros. Il faut ajouter à cela, les 10 milliards qui devront être provisionnés si Athènes ne rembourse pas entièrement ses obligations à la Banque centrale européenne.

Reste encore 23,5 milliards de pertes potentielles du fait des garanties qu’apporte la France au Fonds européen de stabilité financière. Sachant que la Grèce est fortement redevable au FESF: le fonds lui a non seulement prêté des fonds dans le cadre du second plan d’aide, mais il a aussi participé à la restructuration de sa dette.

Des pertes potentielles de 20 milliards pour les banques françaises

Par ailleurs, la France a accordé directement plus de dix milliards d’euros de prêts à l’Etat grec. Paris a même dû emprunter pour prêter une telle somme, et donc alourdir sa propre dette. En cas de défaut, l’Hexagone devrait tout bonnement tirer un trait sur cette somme.

Enfin, les banques françaises, exposées à un petit peu moins de 40 milliards d’euros à la Grèce, accuseraient environ 20 milliards d’euros de pertes. Le Crédit Agricole, que sa filiale grecque Emporiki rend très sensible aux évolutions de la situation grecque, risque de perdre un peu plus de 2,5 milliards d’euros. Sans compter les 18 milliards de crédits détenus par Emporiki, susceptibles de ne pas être remboursés.

Le directeur de recherche qui a réalisé cette étude en relativise toutefois ses résultats. Il considére qu’il est difficile d’estimer précisément l’impact budgétaire total d’une sortie de la Grèce de la zone euro, "en raison des interactions complexes entre tous les acteurs économiques concernés". Mais une chose reste sûre selon lui: il faut s’attendre à des pertes de "quelques dizaines de milliards d’euros".

Nina Godart