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Varoufakis: "Le socialisme est mort"

Pour Yanis Varoufakis, "la plus grande menace pour le capitalisme est le capitalisme lui-même"

Pour Yanis Varoufakis, "la plus grande menace pour le capitalisme est le capitalisme lui-même" - Aris Messinis - AFP

Yanis Varoufakis, ancien ministre grec des Finances, estime que le capitalisme est en crise. Et que la solution est une coordination politique rationnelle au niveau du G20.

"Nous avons une crise de l'investissement, une crise de la dette, une crise de l'argent". Yanis Varoufakis, ancien ministre grec des Finances, donne dans un entretien au journal Le Temps sa vision très sombre de l'économie aujourd'hui. Il estime, en effet, que le capitalisme est en crise. "Depuis 2008, il est en crise. C’est la crise la plus longue et la plus sérieuse que nous ayons vécue depuis 200 ans. (…)Tout ce qui faisait sens jusqu’en 2008, ne le fait plus".

Si le constat est limpide, les solutions pour remédier à ce problème le sont moins. "La gauche a toujours eu le projet de remplacer le capitalisme par le socialisme. (…). Mais le socialisme est mort".

Quel remède donc? Pour Yanis Varoufakis, "la solution ne peut venir du seul marché, il faut prendre en compte les gens". L'ancien ministre des Finances préconise donc une coordination politique rationnelle au niveau du G20, car pour lui, tout est politique. "L’achat d’un iPod, d’un smartphone, d’une voiture, sont des actes politiques. Le problème avec le marché est que tous ces petits actes politiques ne sont pas bien coordonnés". Et il conclut: "la plus grande menace pour le capitalisme est le capitalisme lui-même".

"Une dette insoutenable doit être détruite"

Pourtant, les États-Unis où le capitalisme est roi, a mieux rebondi depuis 2008 que l'Europe. D'après Yanis Varoufakis, c'est parce que les Américains sont pragmatiques. "Les États-Unis pensent que ce qui a failli doit être éliminé. Ils comprennent qu’une dette insoutenable doit être détruite. Ils comprennent qu’une architecture financière qui s’est effondrée doit être remplacée".

Alors que l'Europe "est dans le déni". D'après ce défenseur du marxisme, "la Banque centrale européenne, grâce à Mario Draghi qui est le plus habile opérateur en Europe, a réussi à contenir les feux avec un certain succès. Cela permet de gagner du temps. Les politiques commencent à réfléchir. Paris et Berlin sont d’accord pour améliorer l’architecture, il y a un besoin d’unité politique en raison de l’union monétaire". Il ne leur reste plus qu'à réussir à se mettre d'accord.

Par ailleurs, Yanis Varoufakis a tenu à saluer Angela Merkel dans la crise des réfugiés. "Elle a été absolument brillante en faisant preuve d’humanisme dans un univers sombre". Et d'après l'ancien ministre des Finances, cela n'a rien à voir avec la maîtrise du budget de l'Etat. "Si Mme Merkel avait un déficit supérieur à 3% aurait-elle renvoyé les réfugiés, ou aurait-elle fermé les frontières à leur approche? Je ne crois pas".

D. L.