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Venezuela : quand Donald Trump appelle à « un coup d'état »

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- - AFP

Au siège de l’ONU, Donald Trump a affirmé que le président du Venezuela pourrait être « renversé très rapidement ». Un appel à un coup d’Etat.

Un encouragement à un coup d'Etat. Il n’a pas été formulé a la tribune des Nations unies, mais en marge, lors d’un échange entre Donald Trump et des journalistes. Le président américain leur a déclaré que ce serait « possible » si les militaires vénézuéliens « décidaient de le faire ».

Dans son allocution à l’ONU, il a réclamé de combattre le socialisme responsable d’avoir « acculé » la population du Venezuela, « pays riche en pétrole », dans une « pauvreté abjecte ». De nouvelles sanctions sont prises à l’encontre du premier cercle du chef de l’Etat, Nicolas Maduro, qui réplique que chaque sanction du gouvernement « gringo » est une « médaille pour les révolutionnaires ». 

D’après de récentes informations du New York Times, un représentant de l’administration Trump a déjà rencontré, à trois reprises un groupe d’officiers rebelles. Néanmoins, le contact aurait été interrompu début 2018. Washington n’apporte pas encore d’éléments attestant d’une dissidence efficace au sein de la haute hiérarchie militaire à Caracas. Maintes fois évoquée, jamais vérifiée.

L’option d’une intervention extérieure

Les contours d'une intervention extérieure paraissent se dessiner, semblables à ceux de 2003 en Irak et de 2011 en Libye. Pour la première fois, cinq Etats ont soumis une plainte conjointe auprès de la Cour pénale internationale (Argentine, Chili, Colombie, Paraguay et Pérou). Ils entendent que soit diligentée une enquête pour crimes contre l’humanité.

Les adversaires du gouvernement vénézuélien n’invoquent pas une dissimulation d’armes de destruction massive comme du temps de l’Irak ou bien l’imminence d’un massacre militaire comme dans le cas de la Libye, mais une intention, d’après eux tout à fait structurée, de soumettre le peuple par la pénurie alimentaire et le délitement économique. Un éditorialiste en exil à Washington a écrit ainsi « il y a des génocides par les bombes et les chambres à gaz, (…) il y a aussi ceux par la faim ».

Une opération armée en octobre ?

Si Trump a appelé à une action plus frontale, le vice-président américain Mike Pence préfère insister sur une intensification de l’isolement économique. A la mi-septembre, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains Luis Almagro a, lui, déclaré qu’aucune option ne devait être écartée pour « résoudre la crise ». Il a ensuite parlé d’une intervention de nature « diplomatique ». Deux puissances latino-américaines n’adhèrent pas à l’approche coercitive, le Brésil et le Mexique.

Mais aux Etats-Unis, de plus en de voix plaident l’opération armée. L’influent sénateur républicain de Floride Marco Rubio le justifie par « la menace que le régime de Maduro fait peser sur la région et sur les Etats-Unis ». Un ancien responsable pour l’Amérique latine du Conseil de sécurité nationale emploie les mêmes arguments. Rahm Emanuel, l’ancien bras droit (un faucon) du président Barack Obama, avertit que la Maison-Blanche pourrait ordonner cette action militaire le mois prochain, juste avant les législatives de mi-mandat, en escomptant un gain auprès de l’électorat « latino ».

Mardi, Caracas a commencé à redéployer des troupes à la frontière avec la Colombie. C’est un ancien ministre vénézuélien de droite, implacable dans sa dénonciation du pouvoir, qui pourtant prend soin de rappeler ce qu’il est advenu de l’Irak et de la Libye : un régime renversé mais ensuite l’effondrement « dévastateur » d’un Etat.

Benaouda ABDEDDAIM