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Vers la fin du billet de 500 euros

Dans un entretien au Parisien de ce jeudi 11 février l'un des membres du directoire de la Banque centrale européenne, Benoît Coeuré, considère qu'il y a peu de fondements qui justifient le maintien du billet de 500 euros. Une décision est "imminente" au sein de l'institution européenne en ce sens.

Faut-il y voir autre chose qu'une simple coïncidence? En Allemagne, le SPD (socialiste), parti allié de la CDU (conservateur) d'Angela Merkel, a fait grand bruit il y a trois semaines en proposant de retirer de la circulation le billet de 500 euros, afin de lutter contre le blanchiment d'argent qui représente entre 20 et 30 milliards d'euros dans le pays, selon une étude de l'université de Halle-Wittenberg.

En fait, la plus grosse coupure pourrait ne pas simplement disparaître outre-Rhin mais bien dans toute l'Europe. En effet, dans un entretien au Parisien de ce mercredi 11 février, Benoit Coeuré, le membre français du directoire de la Banque centrale européenne, institution qui a le pouvoir d'introduire ou de retirer des billets en zone euro, indique clairement que son avenir est compromis.

"De mon point de vue, les arguments en faveur du maintien billet de 500 euros sont de moins en moins convaincants", fait valoir l'économiste réputé proche de Mario Draghi, le président de la BCE. Interrogé sur la suppression de la coupure, le Français explique que "nous (la BCE, ndlr) réfléchissons activement à la question et prendrons une décision prochainement". Benoît Coeuré rappelle qu'à l'origine "ce billet répondait au pays de la zone euro d'avoir une coupure en euros qui corresponde à leur ancienne plus grande coupure en monnaie nationale".

Une utilisation frauduleuse

Un argument qui, avec le développement du paiement électronique a clairement perdu du terrain alors que dans le même temps la lutte contre le terrorisme incite les États à prendre des décisions rapides pour lutter contre le blanchiment. Hier encore, Berlin et Paris ont appelé les instances européennes pour agir rapidement et adopter en ce sens les propositions de la Commission européenne.

Mario Draghi avait déjà implicitement indiqué que les jours du billet de 500 euros étaient comptés, expliquant devant le Parlement européen au début du mois que "les grosses coupures" étaient dans le collimateur de son institution. Il évoquait alors un "travail technique".

Il faut dire que le billet de 500 euros est la coupure préférée des criminels.Comme l'explique Bloomberg, en 2010, les banques britanniques avaient décidé de ne plus distribuer de billet de 500 euros aux clients souhaitant s'en procurer via le change, car un rapport montrait alors que 90% des demandes avaient un but frauduleux. En France les distributeurs bancaires n'en délivrent d'ailleurs pas et "aucun commerce ne l'accepte", comme le rappelle Charles Prats un magistrat spécialiste de la fraude fiscale et cité par Le Parisien. Il faut aussi dire que les Français n'utilisent que très peu les grosses coupures contrairement à leurs voisins Allemands plus friands du billet de 500 euros.

J.M.