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Vers une aide plus rapide et plus massive de la Grèce

LA CRISE EN GRÈCE ET AU PORTUGAL

LA CRISE EN GRÈCE ET AU PORTUGAL - -

par Erik Kirschbaum et Dave Graham BERLIN - L'aide apportée à la Grèce par ses partenaires de la zone euro et par le Fonds monétaire international...

par Erik Kirschbaum et Dave Graham

BERLIN (Reuters) - L'aide apportée à la Grèce par ses partenaires de la zone euro et par le Fonds monétaire international (FMI) pourrait atteindre 120 milliards d'euros, a déclaré un parlementaire allemand mercredi en citant le directeur général du FMI, Dominique-Strauss Kahn.

Ce dernier s'est toutefois refusé à tout commentaire sur une éventuelle augmentation de l'enveloppe mise à la disposition d'Athènes.

L'incertitude persistante n'a pas apaisé les marchés financiers, qui ont au contraire accentué leur repli en toute fin de séance en Europe, après la décision de l'agence Standard & Poor's d'abaisser la note souveraine de l'Espagne d'un échelon, à AA. (Voir: )

S&P avait déjà dégradé mercredi les notes de la Grèce et du Portugal.

Sa décision affectant Madrid a fait replonger l'euro au plus bas depuis un an contre le dollar américain, à 1,3114 dollar sur la plate-forme de transactions électronique EBS.

Sur les marchés actions, l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 affichait en clôture une nouvelle baisse de 1,15%. Paris a cédé 1,5%, Francfort 1,22% et Madrid quelque 3%.

Confronté aux réticences de l'Allemagne à l'idée de mettre la main à la poche pour soutenir la Grèce, Dominique Strauss-Kahn s'est contenté d'expliquer qu'il était trop tôt pour dévoiler le contenu du plan de sauvetage.

"Si tout se passe rapidement, je crois vraiment que les problème seront résolus. Mais si nous ne les résolvons pas en Grèce, cela pourrait avoir beaucoup de conséquences pour l'Union européenne", a-t-il toutefois prévenu.

L'écart de rendement entre les emprunts d'Etat grecs et allemands à 10 ans s'est resserré après ses déclarations, revenant à moins de 800 points de base, contre plus de 1.000 quelques heures plus tôt.

Un élu allemand avait auparavant cité des propos tenus selon lui par Dominique Strauss-Kahn lors d'une réunion avec des parlementaires selon lesquels le plan destiné à la Grèce pourrait atteindre 100 à 120 milliards d'euros sur trois ans. Jusqu'à présent, le FMI et les gouvernements de la zone euro avaient simplement évoqué un chiffre de 45 milliards pour 2010.

Soulignant le scepticisme persistant des investisseurs sur la capacité d'Athènes à honorer ses échéances, la société spécialisée CMA Datavision a annoncé que le coût d'une protection contre un risque de défaut de la Grèce dépassait désormais celui du Venezuela, faisant de la République hellénique l'émetteur souverain jugé le plus risqué des 70 qu'elle suit.

ÉVITER UNE CRISE DE GRANDE AMPLEUR

"De toute évidence, les négociations en cours entre le gouvernement grec, la Commission européenne et le Fonds monétaire international doivent être accélérées", a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel, lors d'une conférence de presse commune avec Dominique Strauss-Kahn.

Plusieurs dirigeants de l'Union européenne ont écarté la possibilité d'une restructuration à proprement parler de la dette publique grecque, qui pourrait obliger ses prêteurs à renoncer à une partie de leurs créances.

La mobilisation des dirigeants politiques ne s'est pas limitée à Berlin et Bruxelles ce mercredi: à Paris, le Premier ministre, François Fillon, a dénoncé une spéculation "irrationnelle" et promis que "l'Union européenne, les Etats de la zone euro vont assumer toutes leurs responsabilités à l'égard de la Grèce".

"Les hésitations qui ont pu sembler être celles du gouvernement allemand vont être aujourd'hui même dissipées", a-t-il ajouté lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Pour sa part, Jürgen Stark, l'un des membres du directoire de la BCE, a souligné que l'ensemble des gouvernements de l'Union devaient remettre rapidement de l'ordre dans les finances publiques.

"Il incombe désormais aux Etats de faire en sorte que la crise, qui a à l'origine affecté le secteur financier, et par la suite l'économie réelle, n'aboutisse pas à une crise de la dette souveraine de grande ampleur", a-t-il dit.

"Pour éviter cela, il faudra des efforts de consolidation budgétaire crédibles et très ambitieux. En fait, des efforts de consolidation sensiblement plus important que ceux conçus jusqu'ici", a-t-il ajouté.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé qu'il réunirait les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro autour du 10 mai.

A Athènes, quelque 1.500 salariés, fonctionnaires, étudiant et militants anarchistes ont défilé autour du Parlement avec pour slogan: "A bas le FMI et l'Union européenne", pour protester contre les mesures d'austérité appelées à accompagner un renflouement.

Avec Crispian Balmer à Paris, Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten