BFM Business
Economie et Social

Victoire de Boris Johnson: les deux scénarios des négociations commerciales avec l'UE

Largement réélu, le chef du parti conservateur va maintenant devoir établir une nouvelle relation commerciale avec l'Europe. Quelles sont ses options? Eléments de réponses avec Patrick Le Galès, directeur de recherche au CNRS.

A la tête d'une large majorité au Parlement britannique, Boris Johnson va maintenant devoir "entrer dans le dur" en négociant le futur cadre commercial avec l'Union européenne qui s'appliquera après la sortie de la Grande Bretagne le 31 janvier prochain. "Une nouvelle phase s'ouvre, celle des négociations", a ainsi commenté Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.

Mais que va proposer le Premier ministre? Invité sur le plateau de Good Morning Business sur BFM Business, Patrick Le Galès, directeur de recherche au CNRS estime que "on a aucune idée de ce que va faire Boris Johnson et son gouvernement"...

Néanmoins, "il y a deux scénarios totalement différenciés et il a promis les deux pendant la campagne, comme ça c'est assez simple... Le premier scénario c'est de dire, il a maîtrisé les brexiteurs les plus durs, il a négocié un premier accord et il va faire tout ce qu'il peut pour négocier un accord commercial disons 'Canada+' ou quelque chose qui ressemble à l'accord avec le Canada et qu'il veut garder une bonne relation avec les européens".

"Mme Thatcher doit se réjouir dans sa tombe"

"Deuxième scénario, en fait il est vraiment du côté des brexiteurs, en fait il a promis un accord aux européens mais une fois qu'on est sorti fin janvier, il n'a aucune intention de signer quelque chose à la fin de 2020, il n'y aura pas délai s'est-il engagé et en fait il est parti pour faire un 'no-deal' sans aucun accord pour aller ensuite complètement du côté américain. Dans son camp, on a les deux groupes qui sont représentés, il a promis les deux choses en même temps pour unifier les brexiteurs et le parti conservateur, personne ne sait ce qui sera mis en oeuvre", poursuit le spécialiste. "Et je ne suis pas sûr que Boris Johnson le sache".

Mais pour quelle finalité? "J'ai quand même le sentiment qu'il avance sur un projet qui est un projet des conservateurs depuis assez longtemps qui est d'aller dans le sens d'une espèce de Hong Kong de l'Europe (...) il le dira pas forcément comme ça mais on voit la stratégie qui se met quand même en place, ça fait un moment qu'ils y pensent, je pense que Mme Thatcher doit se réjouir dans sa tombe, c'est quand même le triomphe de Mme Thatcher à long terme (...) c'est une élection assez fondamentale".

Une telle perspective a de quoi inquiéter les européens. "Il faut faire attention et (Michel) Barnier a été très clair là-dessus. Pendant la campagne, Boris Johnson a commencé à dire: 'vous savez les normes européennes (...) on va les renégocier par exemple les aides d'Etat aux entreprises. Les européens seront très vigilants sur ce qui sera négocié. Il y a évidemment un risque de dumping et de normes qui ne seront pas appliqués dans ce modèle là et tout l'enjeu de la négociation sera que les européens puissent maintenir leurs intérêts et garantir un niveau de compétition égale, juste entre les entreprises européennes et britanniques

Olivier Chicheportiche