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La zone euro trouve un accord sur la Grèce, Fitch baisse sa note

La Banque de Grèce, à Athènes. Les pays de la zone euro sont parvenus à un accord vendredi sur les modalités techniques des prêts bilatéraux qui seraient fournis à la Grèce en cas de besoin mais l'agence de notation Fitch a abaissé sa note sur la dette so

La Banque de Grèce, à Athènes. Les pays de la zone euro sont parvenus à un accord vendredi sur les modalités techniques des prêts bilatéraux qui seraient fournis à la Grèce en cas de besoin mais l'agence de notation Fitch a abaissé sa note sur la dette so - -

par Jan Strupczewski et Julien Toyer BRUXELLES - Un accord a été trouvé vendredi entre pays de la zone euro sur les modalités techniques des prêts...

par Jan Strupczewski et Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - Un accord a été trouvé vendredi entre pays de la zone euro sur les modalités techniques des prêts bilatéraux qui seraient fournis à la Grèce en cas de besoin, a-t-on appris de sources européennes, ce qui a provoqué un certain soulagement sur les marchés.

L'euro est remonté face au dollar et les marchés européens ont fini en hausse, mais les investisseurs restent prudents alors que l'agence de notation Fitch a abaissé sa note sur la dette souveraine grecque à BBB- avec perspective négative.

"Un accord a été trouvé", a-t-on dit de source proche des discussions, avant de préciser que les taux d'intérêt appliqués à ces prêts reprendraient une méthodologie très proche de celle appliquée par le Fonds monétaire international.

"Il s'agit pratiquement d'une copie au papier carbone des modalités du FMI", a précisé cette source, qui participait à une réunion à Bruxelles de responsables des ministères des Finances et de banquiers centraux de la zone euro destinée à préparer les réunions des ministres de Finances de la zone euro (Eurogroupe) et de l'Union européenne (Ecofin) la semaine prochaine.

"Pour les prêts jusqu'à trois ans, c'est le taux des DTS (droits de tirage spéciaux) plus 300 points de base, plus 50 points de base de commission de service", a-t-on précisé.

Le taux d'intérêt payé par la Grèce serait ainsi supérieur à 6%, soit un niveau plus élevé que ce qu'Athènes demandait mais inférieur aux 7,3% actuels, selon les données de Tradeweb.

Une seconde source a ensuite indiqué que le montant et la maturité de ces prêts dépendrait des éventuels besoins de financement grecs.

Une autre source a ensuite déclaré que les ministres des Finances de la zone euro feraient une déclaration précisant les conditions de l'aide à la Grèce lors de leur réunion prévue vendredi à Madrid, voire plus tôt si les rendements grecs recommençaient à augmenter.

"La procédure serait la suivante: la Grèce dit qu'elle n'a pas accès au financement par le marché, la Commission européenne et la BCE fournissent une analyse pour dire que c'est bien le cas et disent quel montant et quelle durée sont nécessaires", a-t-on expliqué.

"Elles proposent combien, je pense après consultation des Grecs et ensuite, un accord de l'Eurogroupe à l'unanimité est nécessaire", a-t-on ajouté.

Selon plusieurs autres sources européennes, l'hypothèse sur laquelle travaillent les Etats est celle de "crédits relais" sur une période n'excédant pas deux ans et distribués en plusieurs tranches, chaque pays conservant la faculté de participer à son rythme, en fonction du contexte politique et des contraintes légales de chacun.

LES MARCHÉS RESTENT SOUS TENSION

Les banques grecques ont rebondi de plus de 7% à la Bourse d'Athènes sur cette information après avoir perdu 6% jeudi et l'euro s'est apprécié face au dollar, touchant un moment 1,3491 dollar.

La prime de risque que demandent les investisseurs pour détenir des emprunts grecs à dix ans plutôt que des Bunds allemands qui servent d'étalon s'est resserrée mais reste à un niveau supérieur à 410 points de base.

Les marchés restent cependant sous tension. Vendredi après-midi, l'agence de notation Fitch a abaissé la note de la dette souveraine grecque à BBB- avec perspective négative.

En outre, les difficultés de la Grèce peuvent apparaître dissuasives pour certains pays candidats à l'euro. Ainsi, le gouvernement bulgare a annoncé le report de son projet d'adhésion à l'euro, en raison d'un déficit 2009 plus important que prévu.

Dans la matinée, plusieurs données économiques avaient assombri les perspectives de la Grèce pour 2010.

La production industrielle s'est contractée de 9,2% en février par rapport au même mois l'année passée alors que l'inflation est remontée à 3,9% en mars.

Les analystes s'attendent désormais que la contraction de l'économie grecque soit supérieure en 2010 aux 2% prévus, rendant plus difficile l'objectif de réduire de 4% le déficit budgétaire pour le porter à 8,7%.

TEST MARDI POUR LA DETTE GRECQUE

Face à cette pression continue des marchés, les principaux responsables de la zone euro avaient réaffirmé vendredi leur soutien à la Grèce et leur disposition à intervenir de manière immédiate si le besoin s'en fait sentir.

La France, l'Allemagne, l'Italie et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ont tour à tour insisté sur le fait que le mécanisme de prêts bilatéraux agréé fin mars lors d'un sommet européen était opérationnel à court terme.

Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a également redit que son pays n'avait pas besoin de faire appel au mécanisme d'aide pour le moment, même si les marchés financiers pensent le contraire.

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a quant à lui déclaré dans une interview qu'aucun renflouement n'était nécessaire pour le moment.

Un premier test aura lieu mardi prochain lorsque la Grèce placera sur les marchés pour 1,2 milliard d'euros à six et douze mois.

Le pays doit emprunter environ 11 milliards d'euros d'ici fin mai pour refinancer sa dette et quelque 53 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année.

Edité par Danielle Rouquié