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Budget 2015: six chiffres à surveiller

Le budget 2015 devrait comporter 8 milliards d'euros d'économies

Le budget 2015 devrait comporter 8 milliards d'euros d'économies - Olivier Lafargue BFMTV

Le projet de budget de l'Etat pour 2015 sera adopté ce mercredi 1er octobre en Conseil des ministres. Le gouvernement a annoncé plus de 3 milliards d'euros de baisse d'impôt et près de 8 milliards d'économies. Pourra-t-il tenir ses promesses ? Voilà les données à regarder de près pour savoir s'il peut y arriver.

Le grand jour arrive. C'est ce mercredi, avec une semaine de retard sur la date prévue, que le projet de budget 2015 est adopté en Conseil des ministres avant d'être discuté au Parlement à partir de la fin octobre.

Michel Sapin, le ministre des Finances et des Comptes publicsl'a présenté dès ce mercredi matin: 7,7 milliards d'euros d'économies sur les dépenses de l'Etat sur 21 milliards au total, un déficit de 4,3% du PIB contre 4,3% cette année, le tout avec une croissance de 1% seulement contre 0,5% en 2014. Manuel Valls y a rajouté 3,3 milliards d'euros de baisse de l'impôt sur le revenu pour 9 millions de contribuables.

Mais au delà de ces chiffres, d'autres seront à examiner de près pour savoir si le gouvernement pourra tenir ses engagements l'an prochain.

1. Combien de fonctionnaires en moins? 

Entre les créations de postes dans les secteurs prioritaires (9.400 à l'Education nationale, 400 dans la police et la gendarmerie...) et les suppressions (7.500 à la Défense, 2.500 à Bercy...), la baisse nette ne dépassera pas1.200 emplois sur 1,9 million de fonctionnaires d'Etat. Un peu court pour dégager beaucoup d'économies. Mais le gouvernement a promis à ses agents qu'il n'y aurait pas de nouveaux sacrifices en 2015.

2. Combien de ministères sacrifiés?

Après 3,3 milliards d'euros en moins cette année, les dépenses courantes des administrations baisseront globalement de 5% en 2015 puis de 10% en 2016 et 15% en 2017. Mais au total, la dépense publique dans son ensemble ne devrait baisser que de 0,4 point de PIB. 

L'Agriculture, les Affaires sociales, le Travail et l'emploi, ou encore les Finances seront mis à contribution ( 2.000 postes pour ce dernier ministère). Un ministère sera à surveiller en particulier: la Défense. Même si les effectifs vont être réduits, François Hollande s'est engagé à maintenir les crédits militaires au dessus de 32 milliards par an pour respecter la Loi de programmation militaire. Ce dont doute la Cour des comptes. D'autant qu'il faudra financer les opérations extérieures (Opex) en Afrique et en Irak au delà d'un milliard d'euros (une heure de vol de Rafale coûte par exemple 25.000 euros). 

3. Les recettes fiscales vont-elles baisser? 

Conséquence de la croissance récemment revue à la baisse pour 2014, les recettes fiscales (284 milliards d'euros prévues dans le budget initial) ont chuté de 4 milliards. A quel niveau le gouvernement placera-t-il le curseur l'an prochain avec une croissance de 1%?

Il lui faut en particulier prendre en compte les 3,3 milliards d'euros de baisse de l'IR annoncée le 16 septembre par le Premier ministre ainsi que la baisse de la TVA sur les logements neufs ou encore celle des plus-values de cession immobilières. Autant de mesures qui réduiront logiquement les rentrées fiscales. Mais le gouvernement pourra en contrepartie afficher une toute petite baisse de 0,1 point de PIB des prélèvements obligatoires (44,7% du PIB actuellement). 

4. Que vont rapporter les contrôles fiscaux?

Le gouvernement se flatte d'avoir trouvé 18 milliards d'euros auprès des contribuables indélicats ou fraudeurs grâce aux contrôles fiscaux en 2013, même si 10 milliards seulement sont effectivement rentrés dans les caisses de l'Etat. Par ailleurs, Michel Sapin a annoncé à plusieurs reprises que 1,85 milliard d'euros va être récupéré auprès de 30.000 évadés fiscaux ayant régularisé leur situation.

Quels résultats du contrôle fiscal le gouvernement va-t-il afficher pour 2015? La question est d'importance puisque les sommes récupérées doivent officiellement compenser une partie des baisses d'impôts. 

5. Quel poids pour la charge de la dette? 

Grâce aux taux bas enregistrés depuis plusieurs mois, l'Etat français peut emprunter à moindre coût. Une aubaine pour le budget, la charge de la dette représentant plus de 46 milliards d'euros (lire l'encadré). En 2013 comme en 2014, le gouvernement a déjà révisé à la baisse les crédits nécessaires à cette charge (-1,8 milliard d'euros cette année par rapport au budget initial). En 2015, ce poste budgétaire devrait atteindre 44,3 milliards d'euros contre 44,9 cette année. Une petite satisfaction quand la dette dépasse 2.000 milliards d'euros.

6. Les investissements vont-ils être réduits?

Les investissements publics vont-ils être les victimes des économies budgétaires? Certes, ils représentent moins de 4% des dépenses de l'Etat (70% des investissements publics étant en fait réalisés par les collectivités locales). Lors de son discours sur la Nouvelle France industrielle, le 9 septembre, François Hollande a pourtant réaffirmé que la politique industrielle était l'une des priorités de son action. Mais à quel niveau de crédits? 

Les principales dépenses de l'Etat:

> dépenses de personnel: 39,6%

> subventions publiques: 21,6%

> dépenses de fonctionnement: 15,8%

> charge de la dette: 14%

> investissements: 3,6%

Chiffres 2014, Source: Minefi

Patrick Coquidé