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L'OCDE presse la France de se réformer et de réduire ses dépenses

L'OCDE appelle le gouvernement à mettre en oeuvre ses réformes

L'OCDE appelle le gouvernement à mettre en oeuvre ses réformes - Éric Piermont - AFP

Rappelant que l'Hexagone est le pays qui dépense le plus, l'organisation recommande notamment de réduire la masse salariale dans le secteur public et appelle l'exécutif à mettre en œuvre les réformes annoncées.

Réduction de la dépense publique, réforme du code du travail ou encore renforcement de la formation professionnelle: après le FMI en juillet, l'OCDE a apporté son soutien ce jeudi aux réformes engagées par le gouvernement français.

"Quand Emmanuel Macron était ministre (...), nous avons soutenu les réformes, mais les conditions générales n'étaient pas réunies" notamment sur le plan politique, a affirmé le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, lors de la présentation à Bercy de l'étude de son institution sur la France, aux côtés du ministre des Finances, Bruno Le Maire.

"Aujourd'hui, il y a les conditions, il y a la conviction et la vision. Aujourd'hui, on peut, c'est possible! C'est la grande différence", a-t-il assuré, convaincu que le moment était venu d'engager des réformes "qui permettront d'offrir de meilleures perspectives à tous les Français".

Un "encouragement" pour Le Maire

Bruno Le Maire s'est empressé d'accueillir l'étude de l'OCDE comme un encouragement. "Ce rapport montre que les choix économiques faits (par le gouvernement français) sont des choix qui vont permettre d'améliorer la vie de tous les Français et - je l'espère - de mettre l'économie française dans une forme olympique", a-t-il affirmé, en allusion à l'attribution des Jeux olympiques à Paris pour 2024.

L'OCDE se joint ainsi au soutien aux réformes apporté dès le mois de juillet par le FMI, qui s'était montré très élogieux avec le programme d'Emmanuel Macron.

Cette médaille d'or "que l'on n'aimerait pas avoir"

"La France est le pays de l'OCDE qui a la plus forte dépense publique qui atteint 54% de son PIB. C'est une médaille d'or que l'on n'aimerait pas avoir", a ironisé Angel Gurria.

Pour la réduire, son institution plaide pour "l'élaboration d'une stratégie à long terme pour réduire les dépenses publiques par rapport au PIB". Cette politique contribuerait ainsi à réduire les impôts élevés qui entravent le développement économique et la croissance de l'emploi".

La réduction de la dépense donnerait à la France la possibilité de "dégager une marge permettant de baisser et de simplifier les impôts", assure l'OCDE, convaincue que la fiscalité actuelle est "importante" et qu'elle "limite la capacité des entreprises à investir et à créer des emplois".

Abaisser la masse salariale dans le secteur public

Cette stratégie de long terme "devrait inclure la réduction des dépenses de retraite par rapport au PIB", souligne l'OCDE, qui constate que "l'âge effectif de départ à la retraite (est) toujours bas, même si les réformes récentes contribuent à le relever progressivement".

L'institution suggère aussi "d'abaisser l'importante masse salariale de la fonction publique", qui est "nettement supérieure à la moyenne de l'OCDE", et de "s'attaquer à l'inefficacité des dépenses publiques", notamment en poursuivant "la rationalisation des collectivités territoriales qui permettrait de réaliser des économies substantielles".

Par ailleurs, en pleine polémique sur la baisse des APL de 5 euros, l'organisation constate que "les politiques publiques d'aide au logement sont un autre domaine où la dépense publique élevée ne procure que relativement peu d'avantages".

Des inégalités qui se réduisent

Le gouvernement d'Édouard Philippe s'est engagé à faire passer le déficit public français sous la barre des 3% cette année et prévoit de le réduire à 2,7% en 2018.

L'OCDE, qui reconnaît que "la pauvreté et les inégalités restent relativement modestes en France grâce à une très bonne couverture sociale et au salaire minimum", pointe aussi du doigt le code du travail qui "ne laisse pas assez d'espace aux négociations pour ajuster les salaires et les conditions de travail".

"Les réformes du marché du travail engagées par le gouvernement sont cruciales et en ligne avec nos recommandations", s'est félicité Angel Gurria, qui a également plaidé pour une meilleure formation professionnelle afin de réduire le chômage des jeunes.

L'institution basée à Paris table sur une croissance de 1,6% pour cette année et la prochaine, après avoir abaissé sa prévision à 1,3% en juin, à contre-courant des autres institutions qui l'avaient revue à la hausse après la victoire d'Emmanuel Macron en mai à la présidentielle.

Dans un autre rapport présenté en juillet, l'OCDE estimait que la France était certes le pays qui dépensait le plus, tout en précisant qu'elle bénéficiait aussi de taux de satisfaction élevés à l'égard des services publics, notamment ceux qui sont les plus coûteux, comme la santé ou l'éducation.

J.M. avec AFP