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La France n'est pas le pays qui prélève le plus les entreprises

Il y a même un pays où le taux dépasse les 100%.

Il y a même un pays où le taux dépasse les 100%. - Philip Ingham - Wikimedia Commons - CC

Dans son classement annuel sur la compétitivité, le Forum mondial de Davos utilise, parmi ses nombreux critères, le montant total des taxes acquittées par les entreprises. Si la France est très mal classée, elle reste toutefois devant l'Italie… et la Chine.

La lourdeur de la fiscalité est l'un des reproches les plus souvent adressés à la France. Mercredi 28 septembre, le président du Medef, Pierre Gattaz, a encore déploré que les prélèvements payés par les entreprises aient augmenté de 16 milliards d'euros entre 2010 et 2017.

On pourrait dès lors croire que l'Hexagone est le pays au monde où la fiscalité est la moins clémente pour les sociétés. Dans son classement annuel sur la compétitivité, publié mercredi, le Forum économique de Davos contredit quelque peu cette idée reçue.

L'organisation a, parmi ses nombreux critères, retenu "le taux d'imposition total", soit le montant des taxes et contributions sociales payées par les sociétés. Cela regroupe l'impôt sur les sociétés, les charges sociales mais aussi les taxes foncières, les prélèvements sur le chiffre d'affaires ou de plus petites taxes. Cette "taxe totale" est exprimée en pourcentage des bénéfices des entreprises.

Le Luxembourg pas si haut

Premier constat: le Luxembourg et l'Irlande, récemment pointés du doigt par la Commission européenne, ne sont pas si bien classés. Le premier arrive à la 14e place (sur 138 pays) le second à la 28e, avec des taux respectifs de 20,1 et 25,9%. Ils sont ainsi loin des chiffres ridicules du sultanat de Bruneï (8,7%), du Qatar (11,3%) ou encore de la Macédoine (12,9%)

Ensuite le classement de la France, s'il n'est pas bon, l'Hexagone pointant à la 124e place, n'est pas catastrophique. 14 pays ont ainsi "un taux d'imposition total" encore plus lourd que celui de notre pays (62,7%). Dans le lot on trouve, certes, des pays peu développés tels que le Bénin, la Gambie, le Tchad, le Nicaragua, le Tadjikistan ou la Bolivie.

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- © World Economic Forum

Ce n'est toutefois pas le cas de notre voisin italien qui pointe au 129e rang avec un taux de 64,8%. Si l'on en croit l'étude du Forum de Davos, les entreprises consacrent 269 heures de travail en Italie à remplir la paperasse nécessaire pour s'acquitter de l'ensemble des prélèvements obligatoires, contre 137 heures en France. De plus, en Italie, les entreprises doivent, en quelque sorte, payer une sorte d'assurance-chômage qu'elles versent à leurs employés lorsqu'elles se séparent de ceux-ci. Une contribution qui représente entre 7,6 et 7,8% du salaire brut.

La Chine largement derrière la France

Mais l'Italie n'est pas la pire. La Chine (131e avec 67,8%) et le Brésil (132e avec 69,2%) font bien pire. Pour la Chine ce constat n'est d'ailleurs pas nouveau. En 2009 Forbes Asia avait publié un retentissant classement appelé "Misery Tax and Reform Index", dans lequel la Chine arrivait deuxième juste derrière la France. Mais si l'Hexagone était tiré vers le bas par la fiscalité sur les ménages, l'Empire du milieu était lui plombé par les contributions sur les entreprises, le taux des prélèvement sociaux étant alors de 49%, le plus fort au monde. Selon le Forum, ces contributions sociales pèsent pour 47,4% des bénéfices des entreprises chinoises. À cela s'ajoute une flopée de petites taxes (éducation, urbanisme, foncière, timbres fiscaux).

Le chiffre concernant l'Algérie est encore un cran au-dessus (72,7%) en étant surtout gonflé par une taxe de 2% du chiffre d'affaires, qui in fine, représenterait 35% des bénéfices des entreprises, selon l'étude.

Mais la palme revient à l'Argentine, qui réussit la (contre)performance d'avoir un taux supérieur à 100% avec 137,4%. Son taux d'impôt sur les sociétés est plus élevé qu'en France (35% contre 33%). Mais la seule taxe sur le chiffre d'affaires pèse à elle seule pour 88% des bénéfices totaux de ses entreprises. Ce à quoi s'ajoute une lourde taxe sur les transactions financières (17% des bénéfices).