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La France redevient attractive pour les grandes entreprises tricolores

Les grands groupes français reviennent dans l'Hexagone (image d'illustration)

Les grands groupes français reviennent dans l'Hexagone (image d'illustration) - Franck Fife - AFP

Selon le baromètre des grandes entreprises françaises établi par Eurogroup Consulting avec l'Observatoire BFM Business, les grands groupes tricolores font part d'un optimisme retrouvé concernant leurs perspectives d'activité et d'investissement dans l'Hexagone.

Les chefs d'entreprises tricolores sont en train de retrouver foi dans l'Hexagone. C'est ce que suggère clairement le baromètre des grandes entreprises 2016, réalisé par Eurogroup Consulting et l'Observatoire BFM Business, en partenariat avec Le Figaro Économie. Cette enquête sonde l'avis d'une centaine de grandes sociétés issues du CAC40, du SBF120 ou non cotées.

Et, globalement, les prévisions sont optimistes. Les grands groupes prévoient pour 63% d'entre eux une hausse de leur activité, une amélioration de leur rentabilité (54%), ainsi que plus d'investissements (46%). Ils ne sont par ailleurs que 23% à prévoir des baisses d'effectifs contre 34% à tabler sur des hausses (43% anticipent une stabilisation). Ces chiffres globaux sont dans l'ensemble clairement meilleurs que ceux de 2015, sauf pour la rentabilité.

La France en forte progression

Mais l'intérêt de ce baromètre est tout autre. En effet, il est le seul à demander aux chefs d'entreprises de différencier leurs perspectives pour la France d'une part, et l'étranger d'autre part. Et c'est là que se cache la principale bonne nouvelle: les grands groupes retrouvent confiance dans la France, alors qu'ils sont moins conquérants à l'étranger.

Un indicateur du baromètre le montre clairement: l'évolution des soldes d'opinion, c’est-à-dire la différence entre les optimistes (pourcentage des groupes tablant sur une hausse) et les pessimistes (prévoyant au contraire une baisse). Sur absolument tous les domaines de l'enquête, on constate que la France progresse pour se rapprocher des perspectives des chefs d'entreprise à l'étranger, voire les dépasser.

Dans le cas de l'activité, ce solde progresse énormément par rapport à 2015, signe que les chefs d'entreprises anticipent de meilleurs jours pour leur chiffre d'affaires, alors qu'il chute à l'étranger. Les auteurs de l'étude parlent "d'une véritable rupture: pour la première fois depuis l'existence du baromètre, l'indicateur de la France suit une tendance inverse à celle de l'étranger et dépasse même ce dernier".

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Au niveau de la rentabilité, les groupes français pensent toujours avoir de meilleures perspectives à l'étranger. Mais, comme le montre le graphe, le gouffre qui existait depuis quatre ans s'est énormément resserré.

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Surtout, les grands groupes sont bien plus optimistes quant à l'investissement en France. Alors qu'il était tout juste positif l'an dernier, le solde d'opinion s'élève à 14%, soit autant qu'à l'étranger. Ce qui permet de penser que la hausse de l'investissement des entreprises prévue par l'Insee au premier semestre dans sa dernière note de conjoncture, devrait se confirmer.

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Enfin et non des moindres, les chefs d'entreprises sont désormais plus nombreux à anticiper une hausse de leurs effectifs en France qu'une baisse. Une première depuis 2011!

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Le climat social français inquiète moins

Comment peut-on expliquer ce "retour à la France" comme le qualifient les auteurs de l'étude? Réponse: en regardant la préoccupation des grands groupes français. S'ils restent très sensibles à la lourdeur des contraintes sociales et fiscales en France (94% d'entre eux se disent inquiets sur ce sujet), les menaces qui pèsent à l'étranger les inquiètent aussi énormément.

Ainsi les risques géopolitiques mondiaux montent sur la troisième place du podium au niveau de leurs inquiétudes. Et un nouveau risque apparaît directement à la quatrième place: la volatilité des marchés financiers. 

Les risques liés à l'international préoccupent donc toujours autant sinon plus les dirigeants tricolores mais l'environnement français leur semble toutefois plus clément. Car si la menace fiscale et réglementaire leur semble toujours aussi pesante, le climat social disparaît du top 6 pour la première fois depuis 5 ans, alors qu'il inquiétait encore près de 80% des dirigeants l'an passé.

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Ainsi, il y a moins de troubles domestiques et plus d'angoisses dans les zones instables du globe, ce qui explique pourquoi les dirigeants sont plus optimistes pour l'Hexagone et moins pour l'étranger qu'ils ne l'étaient par le passé.

On ne s'étonnera donc pas de voir que les grands groupes tricolores ne font pas des délocalisations une priorité. Bien au contraire. Selon l'enquête, il s'agit de l'action la moins prioritaire pour eux pour cette année 2016.

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En effet, face au digital qui devient un des principaux défis à relever pour les chefs d'entreprises (76% selon le baromètre) et aux risques de la géopolitique, "la délocalisation n'est plus la panacée", notent les auteurs de l'étude.

Et ces derniers de rappeler que "baisse de la délocalisation ne signifie pas forcément relocalisation". "Mais au regard de l'ensemble des résultats précédents, la question se pose", ajoutent-ils.

"La sécurité des infrastructures, la stabilité du climat social, la qualité de la main d'œuvre qualifiée, la proximité dans la qualité de service sont autant de raisons de privilégier les investissements et les embauches en France", plaident-ils.