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Le gouvernement a bien regonflé les marges des entreprises

Les marges des entreprises ont connu un bond spectaculaire au premier trimestre

Les marges des entreprises ont connu un bond spectaculaire au premier trimestre - Remy Gabalda - AFP

La forte hausse des marges des entreprises au premier trimestre s'explique pour 55% par le crédit d'impôt compétitivité pour l'emploi, les allègements de charge, et la baisse de la fiscalité décrétée par l'exécutif, selon une étude du Coe Rexecode.

C'est une statistique qui a fait grand bruit. La semaine dernière, l'Insee a confirmé un redressement spectaculaire des marges des entreprises au premier trimestre. Le taux passe ainsi de 29,7% sur les trois derniers mois de 2014 à 31% au premier trimestre 2015, selon ses estimations.

Le Coe Rexecode est venu appuyer l'analyse de l'Insee ce jeudi 25 juin, dans une note se penchant, sur un autre indicateur, l'excédent brut d'exploitation (EBE), soit le bénéfice avant impôts, charges financières, amortissements et éléments exceptionnels. Autrement dit le résultat net des entreprises avant les choix de pilotage financier.

Le think tank libéral note ainsi que l'EBE des sociétés non financières a gagné 4,8 milliards d'euros au premier trimestre, progressant de 5,9% par rapport au trois derniers mois de 2014.

Tout l'intérêt de la note du Coe-Rexecode est que cette progression est décortiquée. L'institut retient tout d'abord une amélioration "réelle" de 4,3 milliards d'euros, soustrayant 500 millions d'euros issus de la hausse de la production des entreprises.

La baisse des prix du pétrole

Sur ces 4,3 milliards d'euros, le Coe-Rexecode impute un peu plus de la moitié (55%) de cette amélioration aux choix de politiques économique du gouvernement. "Les 45% restants proviennent pour l'essentiel de l'impact de la baisse des prix du pétrole en termes de diminution des coûts d'achat pour les entreprises", explique Denis Ferrand, le directeur général de Coe-Rexecode.

Dans le détail, c'est la montée en puissance du CICE (crédit d'impôt compétitivité pour l'emploi) qui joue le plus. Depuis le 1er janvier dernier, ce crédit d'impôt est passé de 4 à 6% de la masse salariale comprise entre 1 et 2,5 SMIC, ce qui a tiré l'EBE des entreprises à hauteur de 1,3 milliard d'euros (30% de l'amélioration).

Viennent ensuite les premiers éléments du pacte de responsabilité, dont le premier volet est entré en vigueur le 1er janvier dernier, avec la baisse des cotisations patronales de 1,8 point pour les salaires situés entre 1 et 1,6 SMIC. Cette mesure a ainsi permis de glaner 800 millions d'euros (18%). Enfin la première étape de la suppression de la C3S (contribution sociale de solidarité des sociétés) a joué pour environ 300 millions d'euros (8%).

Une amélioration qui ne poursuivrait pas

Au final la décomposition, du Coe Rexecode, reste similaire à celle de l'Insee. L'institut de conjoncture estimait, en effet, que l'amélioration des marges de 1,3% au premier trimestre étaient dues pour 0,7% au CICE, 0,3% au pacte de responsabilité et 0,5% pour la baisse des prix pétrole. Le solde (-0,2%) s'expliquait par la hausse du salaire réel (un effet -0,6% sur les marges) qui n'était pas compensé par l'amélioration de la productivité (+0,4%).

Que déduire de cette clef de répartition? "Que l'essentiel des marges provient d'élément de nature circonstanciels", répond Denis Ferrand. "C'est-à-dire qu'on a une amélioration qui doit à la politique économique et s'explique assez peu par le fonctionnement de l'économie en tant que telle", poursuit-il. Avant de conclure: "nous ne sommes pas dans un processus qui va se prolonger pour pouvoir générer une amélioration continue des marges". Ce qui aurait pourtant pu être un vecteur de relance pour l'investissement, qui commence tout juste à redémarrer.

Julien Marion et Mathieu Jolivet