BFM Business
Economie

Les Français en doutent, pourtant leur pouvoir d'achat s'améliore 

Le pouvoir d'achat des Français remonte nettement la pente

Le pouvoir d'achat des Français remonte nettement la pente - Philippe Huguen - AFP

Dans le point de conjoncture qu'elle publie ce jeudi 1er octobre, l'Insee estime à 1,7% la croissance du pouvoir d'achat des ménages en 2015. Du jamais vu depuis 2007.

Le paradoxe est frappant. Si l'on en croit une étude de l'institut CSA pour Cofidis publiée le 8 septembre dernier, plus d'un Français sur deux (51%) estime que son pouvoir d'achat a diminué en un an. Et, toujours selon cette même étude, 4 Français sur 10 (43%) anticipent une baisse pour l'année à venir.

Une impression qui ne correspond pas à la réalité? A en croire l'Insee, le pouvoir d'achat des ménages est en tout cas loin d'être en berne. Bien au contraire. Selon le dernier point de conjoncture de l'Insee publié ce jeudi 1er octobre, il progresse. Et pas qu'un peu. Ainsi, d'ici à la fin de l'année, l'institut de conjoncture table sur une hausse de 1,7%. Un chiffre d'autant plus important qu'il succède à une augmentation déjà notable en 2014 (+1,1%).

Certes, les esprits chagrins ne manqueront pas de relever que l'Insee a, en fait, légèrement revu à la baisse sa prévision par rapport à son diagnostic de juin dernier. L'Institut tablait alors sur une hausse de 1,9%...

Il n'empêche que ce chiffre de 1,7% reste la plus forte progression du pouvoir d'achat des Français depuis 2007, où il avait augmenté de 3%. En 2009 et 2010 il avait nettement progressé (+1,2% et +1,6%) avant de fléchir (+0,2% en 2011) et même de reculer en 2012 et 2013 (-0,9% et -0,1%).

Une fiscalité qui pèse moins

Comment expliquer cette embellie dont le pouvoir politique pourrait se vanter, mais que la situation sur le front du chômage force à une totale modestie? Tout d'abord, en regardant la décomposition effectuée par l'Insee, on s'aperçoit que "la pause fiscale" promise par l'exécutif depuis 2014, a produit ses effets.

Ainsi, les prélèvements (impôt et cotisations) ne pèseront sur le pouvoir d'achat qu'à hauteur de 0,4 point cette année. C'est moins qu'en 2015 (-0,5) et surtout beaucoup moins qu'en 2013 et 2012, où la fiscalité amputait l'évolution des revenus de ménages de respectivement -1,1 et -1,7 point.

-
- © Insee

De plus l'inflation est actuellement à un niveau extrêmement faible (0% en août dernier). Or, dans le même temps, les salaires continuent à progresser à (+1,6% en 2015). et le chômage se stabilise (10,3% d'ici à la fin de l'année selon l'Insee) porté par de fortes créations d'emploi dans le privé (+41.000 cette année contre -63.000 en 2014).

"Avec ce redémarrage de l'emploi, cette faible inflation et la progression modérée des salaires, le pouvoir achat ménages progresse à son plus haut niveau depuis 2007", résume ainsi Dorian Roucher, chef de la division synthèse conjoncturelle à l'Insee.

Aux effets liés à la hausse des salaires et traitements, il faut ajouter l'augmentation (+0,4%) des revenus locatifs des ménages qui louent leur patrimoine immobilier.

De bon augure pour l'exécutif

Evidemment si cette flambée du pouvoir d'achat reste une excellente nouvelle pour le ménage tricolore, elle est également une aubaine pour les finances publiques. Car, comme le souligne l'Insee dans sa note de conjoncture, la bonne tenue de la croissance tricolore (attendue à +1,1% pour la fin de l'année) doit surtout au dynamisme de la consommation des Français (+1,6% prévu pour l'ensemble de 2015), elle-même soutenue par le pouvoir d'achat.

On rappellera d'ailleurs à toutes fins utiles que les dépenses de ménages représentent plus de 50% du PIB français (55,5% en 2014, selon les données de la Banque mondiale).