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Pourquoi les femmes peuvent rapporter gros à l'économie

Les femmes représentent un potentiel de croissance considérable.

Les femmes représentent un potentiel de croissance considérable. - Fred Dufour - AFP

Eliminer les inégalités entre les hommes et les femmes pourrait générer pas moins de 28.000 milliards de dollars d'ici à 10 ans, selon une étude de McKinsey. Soit le PIB de la Chine et des Etats-Unis réunis.

Briser le plafond de verre n'est pas chose aisée. Mais le jeu peut clairement en valoir la chandelle. En effet, si l'on en croit une étude du cabinet McKinsey publiée fin septembre, en réduisant l'ensemble des inégalités hommes-femmes dans le monde, l'économie mondiale pourrait générer jusqu'à 28.000 milliards de dollars (environ 25.000 milliards d'euros) de PIB en plus d'ici à 2025. Soit grosso modo ce que pèsent les deux premières puissances mondiales, à savoir les Etats-Unis et la Chine, à l'heure actuelle.

Le cabinet américain a basé son étude sur un total de 95 pays qui représentent 93% de la population féminine mondiale et 97% du PIB. Il a ensuite mesuré l'inégalité hommes-femmes via une batterie de 15 indicateurs qui couvrent aussi bien le milieu professionnel (écarts salariaux, opportunités de carrière réduites) que d'autres domaines (différences de niveau d'éducation, exclusion du système bancaire, protection judiciaire, etc…).

26% du PIB mondial à récupérer

McKinsey a constaté que 40 de ces 95 pays accusent un sérieux retard sur au moins la moitié de ces indicateurs. Dans certains cas de figure, comme l'Inde ou le Moyen-Orient, les femmes contribuent à moins de 20% du PIB. Ce qui est quand même peu quand on sait que le beau sexe représente plus de la moitié de la population globale.

En partant de ces constats, McKinsey a construit deux scénarii pour montrer ce que le monde entier pourrait gagner en accordant plus de considération à la gent féminine. Le premier d'entre, eux, très optimiste, suppose que les femmes aient exactement le même taux de participation que les hommes dans le monde du travail (et que ce dernier reste inchangé). Ce qui signifie que la part des femmes actives au niveau mondial passerait de 64% à ….95%!

A ce moment-là, l'économie mondiale verrait son PIB progresser de plus de 26% d'ici à 10 ans, avec des gains, donc, de 28.000 milliards de dollars.

Mais même McKinsey reconnaît que cette estimation est assez peu réaliste en raison notamment des barrières auxquelles font face les femmes sur le marché du travail, qui ont peu de chance d'être complètement éliminées en l'espace de 10 ans.

L'Espagne comme modèle

Le cabinet, du coup se concentre sur un autre scénario jugé plus probable. Chaque "région" (Europe, Amérique du Sud, etc…) prendrait exemple sur son meilleur pays pour se rapprocher de la parité. En Europe, par exemple, tout le monde arriverait à réduire l'écart de participation sur le marché du travail au même rythme que l'Espagne (-1,5% par an entre 2003 et 2013). En Amérique du Sud, le modèle serait le Chili (-1,9% par an) et Asie ce serait Singapour (-1,1%).

A ce moment-là le taux de participation passerait de 64 à 74%, permettant de gagner 12.000 milliards de dollars (environ 10.700 milliards d'euros) à l'horizon 2025. Soit autant que le PIB du Japon, de l'Allemagne et du Royaume-Uni réunis.

Si la plus grande bénéficiaire d'un tel scénario resterait l'Inde, avec des gains qui représenteraient 16% de son PIB, l'impact pour les pays développés serait loin d'être négligeable. "Même en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, où il y a déjà eu des progrès substantiels, le scénario le plus optimiste ferait gagner 10 à 12% de PIB d'ici à 2025", notent ainsi les auteurs de l'étude.

Meilleure répartition des tâches ménagères

Pour arriver à de tels résultats, il ne suffit toutefois pas de mieux intégrer les femmes au marché de l'emploi. Il faut également réduire l'écart de productivité qui existe, en le faisant passer de 13 à 3%. Comment? En permettant aux femmes d'être davantage employées dans des secteurs (industrie, services) qui sont plus productifs que ceux (agriculture) où elles sont actuellement surreprésentées dans certains pays en développement.

Autre défi à relever: la répartition des tâches ménagères. 75% de ce que McKinsey appelle "le travail non rémunéré", soit les corvées ménagères, est assuré par les femmes. Evidemment ces tâches ne sont pas comptabilisées dans le PIB mondial, même si McKinsey estime leur poids à environ 10.000 milliards de dollars par an. En plus de mieux répartir les tâches entre hommes et femmes, McKinsey suggère de les confier à des tiers qui seraient alors rémunérés. De telle sorte à ce que les femmes puissent se focaliser sur d'autres activités pour lesquelles elles sont payées.

Pour rappel, en 2010, l'Insee évaluait à au moins 292 milliards d'euros (soit 15% du PIB) la valeur des tâches ménagères domestiques effectuées par les ménages français.

J.M.