BFM Business
Economie

Pourquoi, selon le FMI, le revenu universel n'est pas une solution pour la France

Le revenu universel constitue un coût important

Le revenu universel constitue un coût important - Montage BFMBusiness. Photos: Graphic Book Pexels CC et Usin Wikimedia Commons - CC

Dans un récent rapport, le fonds a fait différentes simulations sur l'introduction d'un revenu universel dans plusieurs pays. En France, la mesure aurait un coût élevé pour une efficacité moindre que dans les autres pays étudiés.

Encore une fois, le FMI tire la sonnette d'alarme. Dans un récent rapport, le fonds écrit que si les inégalités de revenus ont diminué à l'échelle mondiale, grâce notamment aux phénomènes de rattrapage de la Chine ou encore de l'Inde, elles ont en revanche tendance à augmenter à l'intérieur d'un même pays. Ainsi entre 1985 et 2017, plus de 70% des pays développés ont accusé une hausse jugée "importante" par le FMI du coefficient de Gini (un outil statistique situé entre 0 – égalité absolue – et 1 – inégalité absolue -).

Face à cette situation, le fonds se demande comment réduire les inégalités. Et pour cela, les auteurs du rapport étudient une mesure qui a notamment fait beaucoup de bruit lors de la récente campagne présidentielle française: l'introduction d'un revenu universel, ou revenu de base. Ils reconnaissent volontiers que cette mesure possède pléthore de définitions parfois contradictoires.

Réduction des inégalités

Mais dans leur étude, les auteurs choisissent une définition simple: le versement d'un revenu égal pour toutes les personnes d'un même pays. Ils ont ensuite mené des simulations dans 8 pays en introduisant ce revenu universel, en plus des systèmes sociaux déjà existants. Pour le montant, le FMI retient un chiffre de 2122 euros par an en France et de 3516 dollars aux États-Unis ou encore 1839 livres (2068 euros) au Royaume-Uni.

Sur cette base, les simulations du FMI montrent des résultats assez importants. En versant ces sommes, le coefficient de Gini reculerait de 0,04 point (cas de la France) à 0,06 point, selon les pays. Ces chiffres paraissent faibles dans l'absolu, mais ils correspondent pourtant à un écart très important. Pour donner un ordre d'idées, le coefficient de Gini sur les revenus en France, de 0,298 en 2015, avait mis près de 15 ans à baisser de 0,02 point, entre le début des années 80 et 1996, avant de stagner, selon l'OCDE.

Plus parlant: les effets sur le taux de pauvreté. Le FMI estime que pour la France, l'introduction d'un revenu de base le ferait baisser de 6,3 points (sachant que le FMI l'estimait à 9,5 points pour la France en 2010, chiffre très différent des données de l'Insee, il tomberait donc sous les 3 points). Aux États-Unis, le taux de pauvreté serait réduit de plus de dix points, et au Mexique, cette réduction atteindrait même 12 points.

"Irréaliste en pratique"

Seulement voilà, cette version du revenu de base a un coût. Et il est très élevé pour la France, puisque le FMI le chiffre à 6,8% du PIB soit environ 136 milliards d'euros, alors que l'Hexagone est le pays où les effets sont les plus modestes. Ce coût est à peu près le même aux États-Unis et au Royaume-Uni (6,4 et 6,7% du PIB) tandis qu'il est plus faible dans les pays émergents (4,6% au Brésil et 3,7% au Mexique).

Pour assurer son financement, une solution pourrait être de fusionner l'ensemble des allocations pour les remplacer par ce revenu de base. Mais dans le cas de la France (et du Royaume-Uni), le fonds juge qu'il s'agit d'une mauvaise idée. Une telle initiative "rendrait le système moins progressif et engendrerait des pertes chez beaucoup de ménages pauvres, pouvant même amener à augmenter la pauvreté". Ainsi, plutôt que d'introduire un revenu universel, le FMI estime qu'il vaut mieux "réformer et renforcer le système actuel pour améliorer sa couverture et son ciblage".

Bien avant le FMI, l'OFCE avait jugé dans un rapport que le revenu universel était "irréaliste en pratique", estimant que son coût se chiffrerait à 480 milliards d'euros pour un montant de 765 euros par adulte, 315 euros pour des enfants de moins de 18 ans et 1100 euros pour les plus de 65 ans et les handicapés.

J.M.