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Economie

Des prévisions de croissance encore trop optimistes

Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici seront confrontés à une croissance plus faible qu'ils ne l'avaient annoncé.

Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici seront confrontés à une croissance plus faible qu'ils ne l'avaient annoncé. - -

Le gouvernement prend son temps pour réviser en baisse sa prévision de croissance 2013. Et pourtant, cette première révision ne sera pas la dernière…

Ainsi donc, la croissance française n’atteindrait plus que 0,2 à 0,3% en 2013, loin des 0,8% sur lesquels sont batis le budget 2013. C’est en tout cas ce que Laurent Fabius, en sa qualité de ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de l’Economie, a laissé entendre sur RTL le 19 février au matin.

Malheureusement, cette prévision est sans doute encore trop optimiste. D’abord parce que le premier trimestre est quasiment joué : il se soldera sans doute encore par une quasi-stagnation de l’activité. Le scénario le plus favorable serait ensuite celui dans lequel une accélération de la marche des affaires se matérialiserait dès le printemps (+0,2%), avant de s’amplifier au cours des mois suivants (jusqu’à +0,5% au dernier trimestre). L’objectif de 0,2% à 0,3% de croissance serait alors atteint et le manque à gagner pour les caisses publiques ne serait que de 5 à 6 milliards d’euros.

Si la reprise joue l'arlésienne, le PIB baissera de 0,2 à 0,3% en 2013

Mais, les baromètres avancés de l’activité n’annoncent aucune embellie pour le printemps. Tenir l’objectif de 0,2%, 0,3% de croissance sur l’année relèverait alors de la gageure, puisque la croissance devrait "s'envoler" à 0,6% au troisième et quatrième trimestre ! Impossible dans le contexte actuel de rigueur fiscale, de montée du chômage de fragilité des entreprises et de manque de locomotives internationales.

Si en revanche il n’y a pas du tout de reprise et que la croissance reste nulle chaque trimestre de cette année, un scénario qu’on peut considérer comme pessimiste (mais pas outrageusement), le PIB baissera de 0,2 à 0,3% sur l’ensemble de 2013. L’équation budgétaire sera alors bien plus complexe, puisqu’il faudra trouver 11 ou 12 milliards d’euros pour rester fidèle à l’objectif de déficit initial.

Emmanuel Lechypre