BFM Business
Economie

Quel président a fait le plus pour l'emploi depuis 35 ans?

En valeur absolue, c'est sous Jacques Chirac que l'emploi a le plus progressé en France ces 35 dernières années.

En valeur absolue, c'est sous Jacques Chirac que l'emploi a le plus progressé en France ces 35 dernières années. - PATRICK KOVARIK / AFP

Depuis 1981, l'emploi a quasiment toujours progressé trop faiblement pour réduire le chômage. Mais certains présidents ont connu de meilleures fortunes que d'autres.

Le gouvernement a dévoilé mercredi les chiffres du chômage pour décembre. Le nombre de demandeurs d'emploi a continué d'augmenter, mais il s'agit de la progression la plus faible depuis 2010. Reste que François Hollande n'a toujours pas tenu sa promesse de début de mandat d'inverser la courbe en 2013. Pire, sur l'ensemble de son mandat, il serait le président sous lequel l'emploi s'est le moins bien comporté depuis 35 ans. Et ce, même en prenant en compte les aléas conjoncturels.

C'est ce que démontre une étude de l'Ieseg School of Management. Le département des études économiques a comparé l'évolution du taux d'emploi des Français sous quatre présidents: François Mitterrand, de 1981 à 1995, puis Jacques Chirac, de 1995 à 2007, puis Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2012 et enfin François Hollande, depuis 2012.

Jacques Chirac, champion de l'emploi

Quelle que soit la façon dont l'étude regarde les chiffres, c'est presque toujours sous Jacques Chirac que l'emploi a le mieux progressé, et sous François Hollande qu'il s'est le plus replié.

Pour rappel, le taux d'emploi, c'est la proportion de ceux qui travaillent parmi ceux qui sont en âge de travailler. L'étude compare d'abord ces taux en valeur absolue. C'est là que l'écart entre les différentes performances est le plus flagrant. L'emploi a par exemple progressé de 15% sous Jacques Chirac.

-
- © Ieseg

L'emploi augmente... le chômage aussi

Une "croissance toutefois inférieure à celle de la population active, ce qui explique que le chômage a continué d'augmenter", note Eric Dor, le directeur du département des études économiques de l'Ieseg. Mais comparativement à ses successeurs, la performance est notable: sous Sarkozy et sous Hollande, la part de ceux qui travaillent parmi tous les actifs n'a progressé que de plus ou moins 1%, et de 3% sous Mitterrand.

Ces données occultent évidemment un "environnement international chaque fois très différent". Or "il est plus difficile d’augmenter l’emploi en France dans une conjoncture internationale récessive que dans une conjoncture internationale expansive" note l'étude. Pourtant même en prenant en compte le comportement de l'emploi dans les pays voisins de la France, le rapport de force entre les derniers chefs d'État français reste identique.

L'étude le montre en comparant les performances de chacun à un indice des taux d'emploi combinés de huit autres pays: l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède, et la Finlande. Soit l'essentiel des partenaires européens de la France, hors pays périphériques. C'est-à-dire ceux qui ont subi le plus durement la crise des dettes souveraines et se sont astreint à de sévères plans d'économies.

-
- © Ieseg

Mitterrand disparaît des comparaisons

Certes, l'écart se restreint. Mais l'ordre reste rigoureusement le même: sous Jacques Chirac, l'emploi a davantage progressé en France que dans les 8 autres pays. Sous François Hollande et Nicolas Sarkozy, il recule plus qu'ailleurs, de plus ou moins 10% (les données sous François Mitterrand n'étant pas complètes, il disparaît des comparaisons).

Une dernière comparaison montre cette fois qu'il est aisé de faire dire ce qu'on veut aux chiffres. Si l'on ajoute aux 8 pays "miroirs" la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne, les rapports de force changent totalement. Ces économies, florissantes de la fin des années 90 au début des années 2000, ont énormément souffert après la crise de 2008. Leurs taux d'emploi deviennent à ce moment-là tellement dramatiques que l'indice de comparaison est totalement plombé. Dans ce dernier exemple, que l'auteur de l'étude lui-même estime "biaisé", l'emploi ne s'est plus retourné mais a progressé en France sous Sarkozy. Sous Hollande en revanche, l'emploi français a continué de reculer. Et sous Chirac, il a fait pire que les pires.

-
- © Ieseg
Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco