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Sortie de crise: la France ne s'en tire pas si mal

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- - Joel Saget - AFP

Contrairement à ce qu'on observe en Italie ou en Espagne, l'économie française est parvenue à retrouver son niveau d'avant-crise. Mais, depuis, elle peine à décoller.

La reprise va-t-elle enfin revenir? Manuel Valls semble en être persuadé. "L'année 2015 sera l'année du retour à la croissance. Nous ferons bien mieux que les 1% qu'on nous annonce", a-t-il déclaré mercredi 25 mars sur France 3.

Difficile à ce stade d'être aussi optimiste que le Premier ministre, car ces dernières années, la croissance française a clairement marqué le pas. En 2014, le taux de 0,4% a fait pâle figure face à l'Allemagne (+1,6%), au Royaume-Uni (+2,6%) ou même l'Espagne (+1,4%).

Mais au-delà de ce constat, qu'en est-il sur une période plus longue? En prenant comme référence 2007, année où la crise a commencé à se faire sentir dans certains pays, le tableau est plus nuancé, comme l'illustre notre graphique (voir plus bas).

Un difficile redécollage

La France a, en effet, bien mieux résisté au choc et a retrouvé dès 2011 son niveau d'activité d'avant-crise. A titre de comparaison, le Royaume-Uni a mis deux ans de plus, malgré des chiffres de croissance solides depuis 2010. "La France avait un niveau d'endettement global (privé et public) plus soutenable que celui des autres pays et était moins exposée à la conjoncture internationale que d'autres nations, comme l'Allemagne. De plus, le système social a permis d'amortir le choc", rappelle Mathieu Plane économiste à l'OFCE.

Mais depuis 2011, la France ne parvient plus à décoller. Au point que le Royaume-Uni lui est désormais passé devant, revenant l'an passé à un niveau de 103,7% de son PIB de 2007 (contre 102,3% pour la France).

Mathieu Plane y voit notamment le fait que la France a subi "des transferts de compétitivité". Pour financer le pacte de compétitivité, l'exécutif français a décidé de relever certains impôts, comme la TVA. Un choix qui a "un effet récessif quasi-immédiat sur la demande des ménages, alors que les bénéfices pour les entreprises prennent du temps", explique-t-il. "Au final, les cycles économiques sont moins marqués en France", considère Mathieu Plane.

Le mal italien

Reste que l'Hexagone peut se féliciter d'avoir traversé la crise sans trop souffrir. On n'en dira pas tant de l'Espagne. Madrid a payé au prix fort l'éclatement de la bulle immobilière qui avait tiré la croissance avant la crise. En 2014, son PIB ne représente que 95% de celui de 2007, même si le pays commence à retrouver le chemin de la croissance.

Et que dire de l'Italie dont le PIB est près de 10% inférieur à celui de 2007? Le pays "cumule les désavantages. Il a mis en place des politiques budgétaires plus restrictives que les autres économies de la zone euro, a un potentiel de croissance et une compétitivité plus faibles, ainsi que d'importants problèmes structurels", relève Mathieu Plane.

En dehors du Vieux Continent, les Etats-Unis ont, eux, profité d'un "bon pilotage macroéconomique", selon l'économiste. Avec une politique monétaire souple et une politique budgétaire peu restrictive, le pays "a utilisé tous les leviers pour favoriser la reprise", juge Mathieu Plane. Des choix qui ont produit leurs effets: des grandes économies développées, les Etats-Unis ont opéré le redressement le plus spectaculaire, avec un PIB 2014 qui représente 108% de celui de 2007.

L'évolution des PIB des pays depuis 2007 (en devises constantes)

Ce graphe représente l'évolution des PIB des différents pays à devises constantes. L'année 2007 sert de référence en base 100.

Méthodologie: le graphe a été construit à partir des calculs de BFMbusiness.com en prenant les chiffres de croissance des différents pays sur la période 2007-2013 à partir des données de la Banque mondiale. Pour 2014, nous nous sommes basés sur les chiffres donnés par les instituts de statistiques des différents pays.