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Suppression des cotisations salariales en deux temps: quel impact sur la croissance?

Les cotisations sociales salariales seront baissées en deux temps l'an prochain

Les cotisations sociales salariales seront baissées en deux temps l'an prochain - Philippe Huguen - AFP

En choisissant de baisser dès le 1er janvier les cotisations salariales avant de les supprimer à l'automne, le gouvernement va créer moins de croissance que prévu.

Le gouvernement défend bec et ongles décision. Mercredi, Bercy a annoncé que la suppression des cotisations sociales salariales (3,15% du salaire brut) se ferait finalement en deux temps et non pas intégralement dès le 1er janvier, lorsque la CSG, elle, augmentera de 1,7 point sur les salaires.

Le Premier ministre a néanmoins assuré que malgré ce report, les ménages gagneraient quand même du pouvoir d'achat dès le début de l'année. Ce qui suppose que la première baisse de cotisation au 1er janvier, soit plus forte que la seconde, qui aura lieu en septembre-octobre. Édouard Philippe a ainsi indiqué sur BFMTV-RMC que la répartition serait autour de 65%-35% sur les deux dates, à raison d'environ 2% en janvier et de 1% plus tard. Édouard Philippe en a profité pour vanter la "hausse exceptionnelle du pouvoir d'achat" générée par cette mesure.

Une consommation moins dopée

Il n'en reste pas moins que cette décision de supprimer en deux temps les cotisations ne sera pas neutre d'un point de vue économique. En ne supprimant que près des deux tiers des cotisations salariales sur neuf mois, puis la totalité le 1er octobre (date supposée de la suppression définitive), le montant du pouvoir d'achat rendu aux Français sera mécaniquement inférieur à ce qui avait été initialement promis: environ 6 milliards d'euros de moins.

Cela correspond à environ 0,5 point de revenu brut disponible en moins pour les ménages français, et une baisse de 0,4 point de pouvoir d'achat sur l'année 2018. De quoi grever la croissance de l'ordre de 0,2 point, du fait d'une moindre consommation des ménages.

Des prévisions à réactualiser?

Le gouvernement peut-il se permettre de tirer un trait sur ce coup de pouce pour l'économie? Certes, les derniers signaux économiques ont été bons, comme l'a d'ailleurs montré la dernière estimation de croissance de l'Insee pour le deuxième trimestre 2017 (0,5%). Encore ce jeudi, l'institut de la statistique a publié un climat des affaires qui s'améliore et a également fait état d'une hausse des prévisions d'investissement des industriels.

Néanmoins, la croissance n'atteint pas encore des sommets impressionnants. Pour le moment, le FMI et la Commission européenne tablent respectivement sur un chiffre de 1,7% pour 2018.

Si ce report a donc un effet négatif sur le PIB, il permettra d'engranger davantage de recettes que prévu puisque la hausse de CSG ne sera que partiellement compensée par la première diminution de cotisations salariales pendant neuf mois. Plusieurs milliards d'euros pourraient ainsi être économisés.

Emmanuel Lechypre et Julien Marion