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Travail, logement, famille… à quoi ressemble le "Français moyen"?

Le "Français moyen" vit souvent en couple avec au moins un enfant

Le "Français moyen" vit souvent en couple avec au moins un enfant - Pixabay - Pexels - CC

Dans une étude publiée ce mardi, l'Insee s'est intéressé aux ménages dont le niveau de vie se situe à mi-chemin entre les plus aisés et les plus modestes. Souvent en couple avec des enfants, ces "Français moyens" ont un niveau d'études plutôt faible mais sont très bien insérés sur le marché de l'emploi.

Esquisser un portrait-robot du "Français moyen" relève souvent de la mission impossible. Mais l'étude publiée ce mardi par l'Insee permet toutefois d'apporter de nombreux éléments de réponse. Dans son Portrait social de la France, l'institut d'études statistiques consacre un important éclairage aux "ménages médians", un terme un peu barbare pour désigner les ménages français dont le niveau de vie (les revenus moins les impôts divisés par le nombre de personnes du ménage) est proche de la médiane. C'est-à-dire à la frontière entre la moitié la plus modeste et la moitié la plus aisée de la population.

En termes de confort financier, l'Insee s'intéresse donc bien en quelque sorte aux "Français moyens". Évidemment, réduire ces ménages à ceux dont le niveau de vie atteint exactement le niveau de vie médian (1680 euros en 2014) n'a pas de sens. L'Insee considère donc qu'ils ont un niveau de vie qui se situe entre 90 et 110% de celui de la médiane, donc entre 1500 et 1850 euros par mois. Ce qui représente 5,2 millions de ménages ou encore 18,6% de la population française.

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Pour comparer ces ménages avec les autres, l'Insee a par ailleurs défini quatre autres catégories: les ménages pauvres (moins de 60% du niveau de vie médian) modestes (ente 60 et 90%) plutôt aisés (110% à 180%) et aisés (plus de 180%). Voici les principales caractéristiques de ces "Français moyens".

> Ils sont souvent en couple, avec deux enfants

Le modèle familial le plus répandu reste celui d'un couple avec au moins un enfant mineur (37,7% de la population soit plus que la moyenne nationale). Fait intéressant: 19,5% de ces ménages ont deux enfants, ce qui est plus que chez l'ensemble des Français (16%) et plus que dans n'importe quelle autre catégorie. Par ailleurs, la faible présence des familles monoparentales (4% à peine) fait que leur structure familiale les rapproche fortement des familles aisées.

> Ils sont plutôt jeunes…ou pas

Les femmes sont majoritaires au sein de ces ménages (51,4%) mais un peu moins que dans l'ensemble de la population (52,3%).

Toujours au niveau de la composition de ces "Français moyens", l'Insee observe que ces ménages sont ceux où la part des 25-44 ans est la plus forte (35,8%). Si les 45-64 y sont relativement peu nombreux, tout comme les 18-24 ans, les plus de 65 ans sont eux plus présents que dans l'ensemble de la population (25% contre 23,3%).

> Ils sont peu diplômés

Seulement 10% de ces Français ont un diplôme supérieur à Bac+2 soit moins que l'ensemble de la population (18%). Et "bien souvent il s'agit d'une licence bien plus que d'un Master", précise Laurence Rioux, cheffe de la division des études sociales de l'Insee. Une part importante d'entre eux n'a aucun diplôme (25,6%) et les titulaires d'un CAP-BEP sont nombreux (29%). De fait, l'Insee remarque que les Français issus de cette catégorie ont un niveau de diplôme proche des ménages modestes voire pauvres.

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> Ils sont souvent ouvriers ou employés

C'est la conséquence du fait précédent. Vu leur niveau d'étude relativement bas, ces Français occupent des emplois assez peu qualifiés. Plus de la moitié d'entre eux sont soit ouvrier (27%) soit employé (35%) alors qu'ils ne comptent que peu de cadres (7%). "De ce point de vue, il se rapprochent même davantage des personnes vivant dans un ménage plus modeste, lorsque ceux-ci sont en emploi", souligne l'Insee.

> Ils sont en CDI et le chômage les touche peu

81,3% des actifs composant ces "ménages médians" sont en CDI alors que seulement 4% des personnes dans cette catégorie sont au chômage. Des proportions proches, cette fois, des ménages assez aisés. "S'ils occupent souvent des professions peu qualifiées, ces ménages sont bien insérés sur le marché du travail", résume Laurence Rioux. Ils travaillent par ailleurs très peu à temps partiel (17,3% contre 14% pour les ménages aisés et 25% pour les ménages modestes).

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> Ils sont, en majorité, propriétaires

62% de ces Français étaient, en 2013, propriétaires, soit plus que la moyenne nationale (57,9%). Par ailleurs, leur logement, en taille, atteint en moyenne 90 m² (l'équivalent d'un F4).

> Ils ont un patrimoine proche des ménages plus modestes

L'Insee chiffre à 190.000 euros leur patrimoine brut (la valeur de leur patrimoine sans prendre en compte leur endettement) ce qui les rapproche plus des ménages modestes (118.800 euros) que des ménages assez aisés (316.600 euros).

> Ils n'ont pas toujours les moyens de partir en vacances ou de changer leurs meubles

Les ménages médians n'ont (heureusement) pas de grands problèmes pour accéder aux biens de base. En 2014, une part faible d'entre eux (2%) déclarait avoir passé un jour sans manger au cours des deux dernières semaines (contre 11% pour les ménages pauvres) et ils n'étaient que 7% à estimer ne pas avoir les moyens de manger de la viande (contre 23%). "S'ils estiment être globalement assez peu gênés dans leurs dépenses quotidiennes, les ménages médians déclarent par contre beaucoup plus fréquemment des difficultés pour financer leurs dépenses ponctuelles", explique l'Insee. Ainsi, plus d'un ménage sur cinq déclarait ne pas avoir les moyens de partir une semaine en vacances et près d'un sur quatre n'avait pas les moyens de remplacer ses meubles hors d'usage.

> Ils sont (relativement) satisfaits de leur vie

Sur une note de satisfaction de 1 à 10, ils attribuent à la vie qu'ils mènent actuellement une note de 7,3.

> Ils habitent plutôt dans le nord-Ouest de la France et en banlieue

Ces ménages vivent principalement dans les grandes agglomérations. Si, à l'image de l'ensemble de la population, leur densité est forte en Île-de-France. S'ils sont nombreux dans cette région, leur proportion, en revanche, y est très faible (à peine 10%). Ils sont beaucoup mieux représentés dans l'Ouest de la France (Pays de la Loire et Bretagne), avec plus de 21%, et dans une moindre mesure, sur la moitié nord de la France.

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De la différence avec les classes moyennes

Comme dit précédemment, l'étude de l'Insee porte sur des ménages dont le niveau de vie est proche de la médiane et qui sont donc à mi-chemin entre les ménages modestes et les ménages aisés.

Pour autant si nous avons choisi dans les présenter comme des "Français moyens" on ne peut pas vraiment parler de classe moyenne. Déjà parce que leur nombre (5 millions de Français) est trop peu important par rapport à ce que devrait englober la classe moyenne. Ensuite parce qu'il n'existe pas de définition de référence et que l'Insee se refuse à en donner une, estimant que trop de notions doivent être prises en compte (revenus, catégorie socio-professionnelle, patrimoine, niveaux de vie, etc...).

En prenant toutefois la définition du Crédoc (les Français dont le revenu brut se situe entre les 30% les plus modestes et les 20% les plus riches) il apparaît que les "ménages médians" de l'Insee se situent dans cette classe moyenne mais n'en composent qu'une partie minoritaire.

Julien Marion