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Demandes d'asile: quels pays d'Europe font le plus gros effort?

VIDEO - En 2017, l'Allemagne est restée le pays européen ayant enregistré le plus de demandes d'asile devant l'Italie. Et si on rapporte le nombre des réfugiés accueillis à la population des pays, Grecs, Maltais, Chypriotes et Luxembourgeois ont fait un plus gros effort que les Italiens.

En refusant d’accueillir l’Aquarius et ses 629 migrants, l’Italie a décidé de mettre les autres Européens au pied du mur. La semaine dernière, le nouveau ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, avait prévenu que son pays ne sera plus jamais le camp de réfugiés de l’Europe. S’il est indéniable que du fait de sa proximité avec la Tunisie et la Libye, l’Italie est l’un des principaux points d’entrée des migrants en Europe, le dirigeant de la Lega (Ligue, extrême-droite) exagère très clairement quand il laisse entendre qu’aucun pays de l’Union européenne n’accueille autant de réfugiés que le sien.

Selon Eurostat, l’office de statistique de l’Union européenne, 650.000 nouvelles demandes d’asile ont été recensées en 2017. Et, une fois encore, c’est en Allemagne qu’elles ont été les plus nombreuses (198.255). Avec 126.630 demandes, l’Italie arrive en deuxième position, devant la France qui en a enregistré 91.070. Si on ajoute la Grèce (57.020), cela signifie que quatre pays ont, à eux seuls, absorbé près de 75% des nouveaux réfugiés ayant fait leur première demande officielle d’asile l’an passé.

Mais pour être complètement honnête, il faudrait regarder ce que représente ces demandeurs d’asile par rapport à la population des pays concernés. Après la Grèce, ce sont les trois plus petits Etats d’Europe (Malte, Chypre et le Luxembourg) qui apparaissent comme les plus accueillants, devant l’Allemagne. L’Italie n’est donc pas dans le top cinq.

Coût pour l'Allemagne: 27,6 milliards en 2017

Autre point important, le coût financier de l’accueil des demandeurs d’asile. Selon Statista qui s'appuie sur les chiffres de l’institut allemand de l’économie, l’Allemagne comptait l’an passé 2,2 millions de réfugiés. Des réfugiés qui sont totalement pris en charge (logement, nourriture, soins, cours d’allemand). La facture pour le contribuable allemand s’est élevé à 27,6 milliards d’euros en 2017. A titre de comparaison, le budget du ministère allemand des Affaires étrangères est cinq fois inférieur. Et celui de la Défense s’élève à un peu plus de 37 milliards d’euros.

Mais selon un économiste allemand, cet effort financier a déjà été compensé à 90% par une croissance plus forte et donc par des recettes fiscales bien plus importantes qu’elles n’auraient été si l’Allemagne avait refusé L’Allemagne peut ainsi se targuer de faire le plus gros effort financier.

924 millions pour la France

La comparaison avec la France est compliquée à faire parce qu’on ne peut pas quantifier avec précision ce que coûte à l’Etat l’accueil des réfugiés. Selon les données mentionnées dans le projet de loi de finances de 2018, on sait qu’un peu plus de 80.000 ménages touchent l’allocation versée aux demandeurs d’asile. Si on ajoute le coût des centres d’accueil et des hébergements d’urgence financés par l’Etat, la facture s’élevait en 2017 à 924 millions d’euros. Mais cette somme ne comprend pas le coût des soins qui sont prodigués aux demandeurs d’asile.

Enfin, il faudrait aussi prendre en compte les situations économiques de chaque pays. En Allemagne, le taux de chômage est si bas, que les entreprises peinent à trouver des salariés répondant à leurs besoins. Et les Allemands ne font pas assez d’enfants pour assurer le renouvellement de leur population.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco