inside google data centers

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L'Express

Ce n'est pas un scoop : Internet est loin d'être une technologie aussi propre qu'il y paraît. Nos ordinateurs et serveur consomment et chauffent (certaines start-ups ont d'ailleurs flairé le filon), et les TIC au global sont responsables de 2% des émissions de CO2: autant que l'aviation!

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Dans une entreprise de 100 personnes, rien que l'envoi et la réception des e-mails occasionnent autant de rejet que 13 allers-retours Paris-New York. La prise de conscience de cette pollution cachée est encore récente. Mais les entreprises commencent à y regarder de plus près, en faisant appel à une nouvelle discipline assez complexe: le Green IT.

Des puces à la benne, l'IT pollue

Complexe, car s'il y a bien un secteur d'activité où les impacts environnementaux sont présents d'un bout à l'autre de la chaîne, c'est bien l'informatique. De la fabrication des ordinateurs et smartphones (la production d'une simple puce de 2 grammes nécessite 1,6 kg d'équivalent pétrole, 32 litres d'eau, et 700 grammes de gaz) à leur recyclage pour le moins perfectible, les sources de pollutions directes sont bien identifiées. Depuis plus de quinze ans, une directive européenne encadre même le recyclage de ces DEEE (déchets des équipements électriques et électroniques).

Entre l'usine et la benne, tout ce qui relève de l'usage de ces appareils est du ressort du Green IT. C'est le cabinet de conseil en technologies Gartner qui a mis le premier le doigt dessus en 2007 : les données polluent aussi. Leur hébergement, la façon dont on va les "appeler" par une requête HTTP... toutes ces actions en apparence anodines consomment de l'énergie, donc occasionnent des rejets de gaz à effet de serre.

Le premier site Web européen "vert" date de 2011

A petit pas, le sujet s'est ensuite imposé dans les réflexions des entreprises. D'après le site spécialisé GreenIT.fr, le tout premier site Internet "éco-conçu" en Europe (celui de la Banque cantonale de Fribourg) date de 2011. Et le Green IT est devenue un enjeu public. Des ONG comme Greenpeace (qui distribue ses bons et mauvais points aux Apple, Google, Amazon et compagnie dans le cadre de sa campagne ClickClean), des institutions comme la Commission européenne (via notamment la publication d'un "code de bonne conduite" pour les data center, se sont emparées du sujet.

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Désormais, des cercles de réflexion poussent à le traduire dans les actions des entreprises. C'est le cas depuis 2011 de l'Alliance Green IT en France qui regroupe des fournisseurs de solutions informatiques (syndicats professionnels comme le Syntec, ESS, start-ups comme Stimergy...). Et du club Green IT, actif sur ce créneau depuis 2004, qui réunit des entreprises utilisatrices (Engie, Renault, SNCF, la Poste, etc.)

Le développement durable, présent dans un appel d'offre IT sur cinq

Tous les deux ans, ce think tank du numérique durable publie un rapport sur l'état du Green IT en France. Et constate que les pratiques évolue encore lentement... Une entreprise sur cinq intègre des critères de développement durable dans ses appels d'offres IT, moins d'une sur quatre a intégré le Green IT à sa stratégie, et une sur trois à peine s'est engagée dans une démarche d'éco-conception logicielle. Les auteurs de ce rapport notent d'ailleurs que la réponse la plus fréquente à leur sondage est... "ne sait pas"!

Or cette dernière démarche est particulièrement porteuse pour une entreprise : exactement comme la recherche de performance énergétique permet à une entreprise de faire des économies d'énergie, l'éco-conception d'un site Web va le rendre moins "gourmand"... et plus rentable. Ne serait-ce que parce que les moteurs de recherche (Google en tête) valorisent de plus en plus les sites qui se chargent rapidement dans leurs pages de résultats... C'est sans doute le meilleur argument en faveur du développement de logiciels plus "éco-conscients".

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