040, éloge de l'action politique
Quand, un ministre soudain décide de résoudre un problème concret, et que l'on réalise, Oh Dieu des hommes, que c'est possible...
Dubitatif, hier matin je me permets de twitter
« la phrase de @fleurpellerin est importante, mais le fichier BDF ne dépend pas d'elle, la BDF est indépendante. Bref, je ne comprends pas »
Je parlais du désormais fameux fichier de la banque de France. Fleur Pellerin venait d’annoncer sur RMC la suppression de la note 040. Je vous la fait courte : note par laquelle la Banque de France signalait aux banques commerciales qu’un chef d’entreprise avait déposé le bilan.
Dans les faits, cette note 040 constituait un véritable interdit bancaire. Les banques la prenaient comme une marque d’infâmie. Comment changer cela ? Impossible ! Répondaient depuis des années des wagons de fonctionnaires de Bercy et autant de convois d’experts bancaires. Nicolas Doucerain, par exemple, le patron d’une PME qui s’appelle SOLIC mène le combat depuis plus de trois ans. Il avait le sentiment de se heurter à un mur.
Quand vint Fleur Pellerin. Je vous la joue conte de fées, mais ça y ressemble, et pour tout vous dire c’est bien cela qui peut rendre, au choix, enthousiaste ou amer. Oui, « vint Fleur Pellerin». Parce que finalement, la suppression de cette note 040, ça n’était qu’une affaire de volonté politique. La volonté de décrocher son téléphone, d’appeler la Banque de France, peut-être de mettre un peu de pression dans la négociation, je n’en sais rien pour tout vous dire, de découvrir en tout cas qu’il suffisait d’un simple décret pour changer les choses si jamais les banquiers ne voulaient rien entendre, et « pouf » de rayer cette note d’un trait de plume, d'un coup de baguette magique.
Attention, ça change tout et ça ne change rien. Ça change tout parce que la marque d’infamie disparaît, ça ne change rien, parce que les banquiers pourront toujours aller consulter INFOGREFFE et trouver les infos. Ce sont eux, finalement, qui estimaient qu’on ne pouvait plus faire confiance à un chef d’entreprise qui avait déposé le bilan, ils pourront continuer à le faire, simplement ce sera un peu plus compliqué.
Mais je veux retenir le coup de baguette magique. Lui donner une autre ampleur : combien de fois les responsables politiques ont-ils reculé devant des montagnes administratives ? Combien de foi ont-ils écouté les wagons d’experts qui leur disaient « oh non, Mr le ministre, c’est impossible » ? Combien de fois, devant eux, a-t-on invoqué, la séparation des pouvoir, les corps constitués, la tradition, que sais-je encore, pour refermer un dossier?
Est-ce qu’on a convoqué des « assises du 040 » ? est-ce qu’on a fait un « Grenelle du 040 » ? Est-ce qu’on a convoqué le ban ? L’arrière ban du monde bancaire ? Non, on a fait.
Damned, ça surprend !