Avis de tempête
Les Bretons auront-ils raison de l'écotaxe ? La colère monte mais les motifs avancés sont-ils les bons? N'est-on pas une nouvelle fois en train de décaler le débat ?
"A chaque fois qu'un impôt de nature écologique est mis en place dans ce pays, il faudrait en baisser un autre en face. Il faut que la fiscalité reste la même globalement et qu'il n'y ait pas d'augmentation de la fiscalité."
Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, voit dans l'écotaxe un "bouc émissaire" de la crise économique
Une nouvelle preuve que quand on parle fiscalité dans ce domaine, se faire entendre est totalement impossible. Il faut dire qu'en matière de communication le gouvernement doit rectifier le tir et arrêter les pas de tango. Ce week-end la colère est montée d'un cran avec des affrontements sans précédent.
Mais pourquoi en est-on arrivé là ? Cette taxe sur les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur plus de 15.000 km d'axes principaux hors autoroutes à péage avait été décidée à l'issue du Grenelle de l'environnement sous l'ancienne majorité.Elle devait entrer en vigueur le 1er octobre mais a été repoussée au 1er janvier. Le gouvernement parle "des dysfonctionnements persistants" et un "manque de préparation du dispositif et d'anticipation des difficultés sous le précédent gouvernement". Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA invoque d'une concurrence déloyale. Par comparaison avec un camion qui se rendrait en Allemagne "Le camion français aura plus de trajet à faire avec la livraison de la volaille, l'approvisionnement en nourriture et passera par des routes qui, elles sont soumises à l'écotaxe." Oui mais pourquoi envoie-t-on des cochons de l'autre côté de la frontière pour qu'ils reviennent en jambon dans notre pays ? Un paradoxe quand beaucoup brandissent le fanion "production locale"
Le gouvernement promet des ajustements. Les Bretons qui voient l'agriculture et l'agroalimentaire, piliers de leur économie, s'effondrer ne veulent pas entendre parler de limitations des émissions de CO2. Et pourtant favoriser le fret ferroviaire ou fluvial serait plus qu'astucieux. Bref ça sent le retour en arrière.Et une nouvelle fois la fiscalité écologique dans les choux !