CHYPRE : CTRL+ALT+SUPPR
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Jeudi 28 mars 2013, le monde entier aura assisté à un évènement sans précédent en Europe : le redémarrage du secteur bancaire d'un pays souverain.

Redémarrage réussi donc... Avec à la clé des images impressionnantes au matin de ces files de semi-remorques, convois sous TRES bonne escorte, remplis de tonnes de liasses d'euros fraichement imprimés, pour réalimenter des banques aux coffre-forts et aux tiroirs totalement vides ! Une des seules fois où les rues de Nicosie et des grandes villes de Chypre ont du être bouchées par autant de milliards d'euros sonnants et trébuchants.


Et là, on a pu voir sans doute pour la première fois là aussi, toucher du doigt, constater de visu le travail concret des autorités européennes et de la BCE. On passe notre temps a parler d'injections de liquidités, de LTRO, de milliers de milliards d'euros... Des choses devenues tellement communes qu'on en perd le sens des réalités. Là plusieurs dizaines de semi-remorques sont venus réalimenter un pays en panne total d'argent. Et ce plan de sauvetage monétaire, ainsi que ces images qu'on a pu voir, constituent sans doute le principal enseignement de cette crise chypriote. On a pu voir le travail des sauveteurs en gros plan.
Divine incertitude...
Les autres enseignements mettront un temps fou a être tirés et arbitrés. Le côté expérimental de cette opération sans précédent rend toute prévision impossible. Les mots "précédents" et "jurisprucence" sont revenus à tort et à travers dans ce dossier, sans que personne ne soit en mesure d'en déterminer la moindre conclusion. Le fameux seuil des 100 000 euros, au-delà duquel les comptes ont tété purement et simplement séquestrés ? Impossible de savoir s'il s'agit DE FAIT d'un futur critère de travail, d'une ébauche de garantie générale des dépôts, de la future Union Bancaire Européenne. Le contrôle des changes ? Le plafonnement des retraits, des transferts et du transport de cash ? Même chose. Les autorités européennes elle-mêmes ont tellement martelé que Chypre était un cas particulier qu'on a beaucoup de mal à croire que toute cette opération, encore une fois rapide et rondement menée, aura valeur d'exemple. Ce n'est pas sensé l'être. Et pourtant... Elle arrive au moment même où l'ensemble de l'Europe a le plus besoin d'une politique unie, précise et structurée en matière de gestion du risque macro-economique. Et l' "Opération Chypre" sort totalement du cadre des mécanismes qui ont été imaginés jusque là.Et cette divine incertitude, les marchés l'ont intégré totalement !! Grand calme sur les indices, sur le secteur bancaire, malgré une hausse assez sensible de la volatilité et des paramètres de gestion du facteur risque... par exemple, les prix de l'or ne montent pas, mais restent extrèmement fermes. Hormis cela, les marchés européens restent relativement proches de leurs plus hauts annuels, et même Wall Street vole sur ses records absolus !
"One Shot"
Le problème reste malgré tout à peu près entier. L'incendie est circonscrit, mais comme les economistes s'en inquiétaient au tout début de l'opération, c'est un "One Shot". Si il y a nouvel échec et nouveau risque d'insolvabilité des banques chypriotes pour une raison ou une autre, le pays risque cette fois d'être exclu purement et simplement de la Zone Euro. Provoquant une nouvelle situation sans précédent, avec des conséquences là aussi totalement imprévisibles pour l'ensemble du système financier européen.
