La petite leçon d'économie de Xavier Niel
La lecture des résultats de Free (Iliad) permet d'apprendre les toutes premières leçons d'économie
1/ FREE n’a rien détruit du tout. « La destruction par la baisse de prix » dit Montebourg. Mais la destruction de quoi ? D’une sorte de « valeur naturelle » ? Ça sort d’où ? La vérité c’est que Free mobile est rentable. Boum ! 114 millions sur 1,26 milliard de chiffre d’affaire. Non ce n’est pas une activité parasite subventionnée par les marges considérables du fixe. Et elle est rentable en « optimisant des facteurs de production ». Pourquoi je le mets entre guillemets, parce que c’est la phrase que vous trouverez dans les manuels d’économie de seconde (tout premier chapître sur l'entreprise et l'entrepreneur). Je ne dirais pas à Monsieur Montebourg d’en faire son livre de chevet, mais disons qu’y jeter un œil de temps en temps ne serait pas inutile. Le « facteur » en l’occurrence, c’est le réseau en place, celui d’Orange, à qui il verse une confortable rente de 700 millions (estimation, le chiffre n’est pas public). D’où vient ce culte de la « création du réseau » ? A quoi bon doubler inutilement les infrastructures ? Pour rendre nos entreprises moins efficaces ou moins compétitives (toutes les entreprises, parce que les factures qui baissent, elles baissent pour toutes les entreprises) ? Ah non… pour faire travailler Alcatel…
est-ce qu’on réalise à quel point cette équation est absurde ? « On peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages » disait le général De Gaulle, dans un discours qui commençait par ces mots : « il était une fois un vieux pays tout bardé d’habitudes et de circonspection »…. C’était le 14 juin 1960. Vous vous rendez compte. Il venait dire aux français qu’il fallait renoncer à l’Empire
2/C’est bien le marché le maitre du commerce. Et là encore, comme le disent les mêmes manuels d’économie de classe de seconde, ce n’est ni l’offre, ni la demande, mais la rencontre des deux. Dans le mobile, il y avait une place pour des prix bien plus bas, parce qu’il y avait une demande de simplicité et de rationalité. Or c’est tout le contraire dans le fixe. Non seulement Free reste le premier recruteur sur le marché haut débit (part de marché de 35% sur l’année 2013), mais il stabilise ses revenus bien au-dessus des 30€, offre de base, à 36€, et même 38€ pour les abonnés Freebox révolution, or la part de ses abonnés Freebox révolution ne cesse de croitre pour représenter aujourd’hui 50% des recrutements. Là, nous sommes acheteurs de davantage de services, programmes etc… Est-ce à dire que Bouygues se trompe en déclenchant la « guerre du fixe » ? Ben… je vous laisse conclure, disons que le pari est osé. La vérité du fixe n'est pas celle du mobile, l'entrepreneur de talent, c'est celui qui sent ces ruptures, intuitivement.
La morale de l’histoire ? C’est que l’aventure économique n’est pas dogmatique. C’est que si vous déboulez avec des certitudes politiques sans regarder la réalité du marché, vous êtes sur de vous planter. Plus grave, si vous êtes responsable politique, vous êtes sûr de planter le secteur dont vous devez pourtant assurer le dynamisme